par Mathieu Rosemain
PARIS (Reuters) - Une alternative française à la technologie du géant américain de l'analyse de données Palantir pour aider la France à prévenir d'éventuelles attaques terroristes prendrait environ deux ans de développement, a déclaré vendredi le PDG du groupe de défense Thales (PA:TCFP).
Les services du renseignement français ont eu recours à Palantir, spécialisé dans le traitement et l'analyse de grandes quantités de données, à la suite des attentats de novembre 2015 à Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts.
Le contrat, d'une durée initiale de trois ans, a été renouvelé l'an dernier. Selon la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ce renouvellement a été effectué faute d'alternative française, alors même que le président Emmanuel Macron a plaidé pour une souveraineté numérique européenne face à la domination des Etats-Unis et de la Chine.
Une version française de l'outil développé par Palantir est possible mais nécessiterait le soutien de l'Etat français, a déclaré Patrice Caine, PDG de Thales, lors d'un déjeuner avec l'Association de la presse anglo-américaine.
"L'enjeu économique est très faible", a-t-il dit, précisant que le contrat signé par la DGSI avec Palantir valait quelques millions d'euros.
"Ensuite, il y a l'enjeu de souveraineté, d'autonomie, d'indépendance et ça, c'est une question pour laquelle seul l'Etat a la réponse", a-t-il ajouté.
Selon Patrice Caine, la mise en oeuvre d'une alternative française à Palantir pourrait être rapide.
"C'est une question d'années (...) On va dire deux ans. Ça va vite", a-t-il dit.
Contacté, Palantir n'a pas souhaité faire de commentaires.
L'an dernier, le directeur général de la DGSI, Nicolas Lerner, avait déclaré à Reuters qu'il préférait utiliser une technologie française, citant les groupes Thales, Dassault Systemes (PA:DAST) et Sopra Steria (PA:SOPR) comme possibles fournisseurs.
Aucun appel d'offres n'a été lancé et Thales n'a reçu jusqu'à présent qu'une "demande d'informations", tout comme d'autres entreprises, a indiqué vendredi Patrice Caine.
Palantir a été cofondé en 2004 par le milliardaire américain Peter Thiel à la suite des attentats du 11 septembre 2001. La société, qui emploie 2.500 personnes, a été introduite en Bourse le mois dernier et est valorisée à près de 16 milliards de dollars.
(Blandine Hénault pour la version française)