Obtenir 40% de réduction
🤯 Perficient explose de 53%. ProPicks l'a choisie en mars.
Voir détails

Les livraisons de gaz russe à la Chine n'assécheront pas l'Europe

Publié le 22/05/2014 16:00
Les livraisons de gaz russe à la Chine n'assécheront pas l'Europe

Les flots de gaz russe qui devraient irriguer la Chine dès 2018 n'assécheront pas l'Europe, dépendante de la Russie pour plus du quart de ses importations de gaz, estiment des spécialistes, alors que le Vieux Continent s'inquiète d'une interruption des livraisons de Moscou sur fond de crise ukrainienne.

"Cela ne changera pas la sécurité d'approvisionnement énergétique de l'Europe: il y a tellement de gaz en Russie qu'elle pourrait très bien alimenter non seulement l'Europe, mais aussi la Chine et d'autres pays encore", relève Samuele Furfari, maître de conférences en géopolitique de l'énergie à l'Université Libre de Bruxelles (ULB).

Le géant énergétique chinois CNPC et le russe Gazprom Neft (MCX:SIBN) ont signé mercredi un énorme accord de fourniture évalué à 400 milliards de dollars, les liant pour 30 ans à partir de 2018.

Le volume livré à la Chine augmentera progressivement jusqu'à 38 milliards de m3 par an, moins que les espoirs de vente de Moscou (60 milliards de m3), et bien en deçà des 160 milliards de m3 vendus chaque année à l'Europe.

Cet accord intervient après une décennie de pourparlers, mais aussi comme un pied de nez à l'Europe, après que la Commission européenne a appelé Moscou à respecter son "engagement" de poursuivre les livraisons de gaz à l'Europe, alors qu'une menace russe de coupure plane sur les approvisionnements à l'Ukraine.

"C'est plus un signe symbolique envoyé par la Russie à l'Europe, pour lui dire qu'elle a d'autres options" pour écouler son gaz, estime Guy Maisonnier, économiste à l'organisme de recherche français IFP EN.

Publicité tierce. Il ne s'agit pas d'une offre ou recommandation d'Investing.com. Lisez l'avertissement ici ou supprimez les pubs .

Mais ce contrat répond aussi à une logique économique. Pékin voulait garantir et diversifier ses sources d'approvisionnement énergétique, tandis que Moscou était désireux de d'assurer pour Gazprom des débouchés sur le gigantesque marché chinois.

Selon des chiffres officiels, la Chine - premier pays consommateur d'énergie du monde - a importé l'an dernier 53 milliards de m3 de gaz naturel, soit un bond de 25% sur un an. Son gaz, liquéfié, vient principalement du Qatar et d'Australie.

"En Europe, il n'y a plus de croissance de la demande gazière, et on peut même imaginer que la décroissance de la demande énergétique, si on veut privilégier des énergies plus vertes, va se poursuivre", explique Thierry Bros, analyste des marchés gaziers européens chez Société Générale. "Pour les Russes, qui sont assis sur une des deux plus grosses réserves gazières au monde, la solution est donc de se tourner vers l'Asie".

- 'Fantasme' -

Pour autant, la Russie aura toujours besoin de vendre son gaz à l'Ouest, à qui elle est surtout liée par des contrats de livraison de long terme, de 20 ans ou plus, à des prix plus attractifs que ceux qui seront pratiqués en Chine.

Pas de risque d'arbitrage donc, entre une vente aux Européens ou une vente aux Chinois.

"Il faudra construire un gazoduc dans les quatre prochaines années pour remplir ce contrat et le gaz proviendra de la Sibérie orientale, alors que le gaz exporté en direction de l'Europe provient de la Sibérie occidentale", notent des analystes du courtier Aurel BGC.

Publicité tierce. Il ne s'agit pas d'une offre ou recommandation d'Investing.com. Lisez l'avertissement ici ou supprimez les pubs .

Pékin refuse d'ailleurs que ses livraisons de gaz russe proviennent de gisements de l'ouest de la Russie, afin de garantir sa sécurité d'approvisionnement.

"Les Russes ont accepté de dédier des champs spécifiques et nouveaux pour les Chinois", explique Thierry Bros. "L'Europe dispose elle aussi de champs dédiés, largement sous-utilisés. Le risque (d'une rupture d'approvisionnement), je ne le vois pas se matérialiser, ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain. Gazprom pourrait nous envoyer presque le double des volumes dont on a besoin aujourd'hui, sans investissements supplémentaires".

Même le boom du gaz de schiste aux Etats-Unis, qui se traduira par des exportations de gaz naturel liquéfié (GNL) dans quelques années, ne devrait pas changer la donne de cette interdépendance russo-européenne.

"Le GNL américain, c'est un grand fantasme", estime M. Bros. "Il n'y en aura pas avant 2016 et les Américains produiront au mieux 20 milliards de m3 de GNL, des volumes insuffisants pour remplacer tout le gaz russe".

Cette production supplémentaire servira surtout à étancher la soif de GNL de l'Asie, et particulièrement du Japon, privé de ses réacteurs nucléaires depuis la catastrophe de Fukushima. Les prix y ont bondi, et "une fois dans le bateau, le gaz américain ira où il sera possible de gagner le plus d'argent", prédit Samuele Furfari.

Tout au plus, le gaz américain donnerait davantage de marge de manoeuvre aux Européens pour négocier dans quelques années le renouvellement de leurs contrats de long terme avec la Russie, estime-t-il.

Derniers commentaires

Installez nos applications
Divulgation des risques: Négocier des instruments financiers et/ou des crypto-monnaies implique des risques élevés, notamment le risque de perdre tout ou partie de votre investissement, et cela pourrait ne pas convenir à tous les investisseurs. Les prix des crypto-monnaies sont extrêmement volatils et peuvent être affectés par des facteurs externes tels que des événements financiers, réglementaires ou politiques. La négociation sur marge augmente les risques financiers.
Avant de décider de négocier des instruments financiers ou des crypto-monnaies, vous devez être pleinement informé des risques et des frais associés aux transactions sur les marchés financiers, examiner attentivement vos objectifs de placement, votre niveau d'expérience et votre tolérance pour le risque, et faire appel à des professionnels si nécessaire.
Fusion Media tient à vous rappeler que les données contenues sur ce site Web ne sont pas nécessairement en temps réel ni précises. Les données et les prix sur affichés sur le site Web ne sont pas nécessairement fournis par un marché ou une bourse, mais peuvent être fournis par des teneurs de marché. Par conséquent, les prix peuvent ne pas être exacts et peuvent différer des prix réels sur un marché donné, ce qui signifie que les prix sont indicatifs et non appropriés à des fins de trading. Fusion Media et les fournisseurs de données contenues sur ce site Web ne sauraient être tenus responsables des pertes ou des dommages résultant de vos transactions ou de votre confiance dans les informations contenues sur ce site.
Il est interdit d'utiliser, de stocker, de reproduire, d'afficher, de modifier, de transmettre ou de distribuer les données de ce site Web sans l'autorisation écrite préalable de Fusion Media et/ou du fournisseur de données. Tous les droits de propriété intellectuelle sont réservés par les fournisseurs et/ou la plateforme d’échange fournissant les données contenues sur ce site.
Fusion Media peut être rémunéré par les annonceurs qui apparaissent sur le site Web, en fonction de votre interaction avec les annonces ou les annonceurs.
La version anglaise de ce document est celle qui s'impose et qui prévaudra en cas de différence entre la version anglaise et la version française.
© 2007-2024 - Fusion Media Ltd Tous droits réservés