De l’instabilité politique à l’instabilité bancaire ?
D’ores et déjà, nous lançons un appel à la prudence pour jeudi, entre 14h15 et 15h15 (début de notre séance habituelle de Live Trading). A 14h30, la conférence de presse de Mario Draghi cristallisera toutes les attentes. Et pour cause, tout geste supplémentaire de la BCE visant à stabiliser le marché (vaste débat…) permettra une accélération des récents acquis haussiers sur les indices européens. Si l’instabilité politique en Italie n’est pas assurée à court terme, les craintes de défaillance du système bancaire demeurent entières. Et en particulier pour la banque Monte dei Paschi di Siena (MI:BMPS) (le plus vieil établissement financier au niveau mondial, fondé en 1 472) qui doit être recapitalisée à hauteur de cinq milliards d’euros. Pour l’heure, le fonds souverain qatari est censé participer à hauteur de 20% à cette recapitalisation mais la récente défaite de Renzi peut clairement remettre en cause cette situation précaire. L’intégralité du système bancaire italien est secoué par une grave crise de confiance.
Pour rappel, les banques locales possèdent plus de 360 milliards d’euros de créances douteuses, pour la plupart issues de défaillances de diverses natures (insolvabilités personnelles, dépôts de bilan des entreprises) qui ont explosé à l’occasion de la crise de la zone euro. Globalement, plus de 17% des actifs bancaires en Italie sont des créances douteuses. Qui peut donc voler au secours des banques italiennes ? Voilà sans aucun doute une question qui alimentera LA « nouvelle » poudrière européenne pour les mois à venir. Certes, il serait exagéré de parler de risque d’implosion dans les prochaines semaines du système italien et de contagion majeure au niveau européen, voire mondial. L’un des éléments de réponse proviendra de la croissance italienne. Une instabilité politique peut aisément se traduire par un recul de l’économie, donc par de nouveaux dépôts de bilan accentuant les créances douteuses au sein du système bancaire. Le sujet de la transition politique est donc central.
Les institutions bancaires italiennes ont besoin de proposer aux investisseurs des primes de risque plus élevées pour pouvoir emprunter sur les marchés, compte tenu de leur forte exposition à ces « fameuses » créances de très mauvaise qualité. Une solution envisageable et déjà testée par le passé consisterait à réunir tout ou partie de ces actifs pourris au sein d’une « bad bank » dédiée à les gérer, en parallèle d’un véritable plan de sauvetage dont les contours (qui paiera quoi ?) restent à définir. L’ouverture du capital de telles sociétés est évidemment plus complexe durant des contextes politiques instables. Un cercle vicieux se dessine potentiellement. Place donc à la BCE jeudi pour tenter de rassurer des opérateurs l’attendant clairement au tournant depuis hier matin malgré une fragile stabilisation de la hausse de l’euro et des indices européens. Précisément, sur le DAX30, nous considèrerons comme hier une frontière technique déterminée sur les 10 630 points. Notre appel à la prudence lié au référendum est levé depuis hier soir et notre premier scénario de Day Trading de cette semaine est désormais publié et ouvert au moment de l’écriture de ce mémo. Excellente séance à tous ! A suivre durant notre Good Morning Market à 10h30 et pendant notre séance de Live Trading à 15h15 !
Dorian Abadie
Analyste Marchés
XTB France
Twitter : @abadie_xtb