Le géant gazier Gazprom, contrôlé par l’État russe, vient de boucler avec succès l’émission d’un emprunt obligataire de 500 millions de francs suisses (+/- 466 millions d’euros), après une opération similaire réalisée en mars dernier.
Emise par Gaz Capital SA, une structure du groupe russe, cette nouvelle tranche obligataire a suscité un net intérêt de la part des acteurs de marché, selon une source proche de l’opération. Les investisseurs ont visiblement apprécié le fait qu’un émetteur issu d’une économie émergente propose du papier libellé dans la devise suisse, une opération trop rare ces derniers mois estiment certains observateurs.
Gazprom, noté dans la catégorie spéculative chez Standard & Poor’s et Moody’s (avec un rating de respectivement « BB+ » et « Ba1 ») mais « investment grade » chez Fitch (avec une notation« BBB- »), en a profité pour optimiser ses conditions de financement. Le coupon a finalement été fixé à 2,75%, inférieur à la fourchette de 2,875 à 3% annoncée à l’entame de l’opération.
Libellée par coupure(s) de 5.000 francs suisses (+/-4.659 euros), l’’obligation est désormais disponible sur le marché secondaire. Il faut compter sur un cours de 100,40% du nominal pour se la procurer, correspondant à un rendement de 2,66%.
Précisons que la devise d’émission de cette tranche obligataire, qui ne bénéficie d’aucun rating, implique un risque de change.
Fournisseur clef de l’Europe
L’héritier du monopole gazier russe a réalisé en 2015 un bénéfice net de 787 milliards de roubles (+/-11,6 milliards d’euros au cours actuel), cinq fois plus élevé qu’un an avant. Son chiffre d’affaires a été de 6.073 milliards (+/-89 milliards), en hausse de 9% et sa production de gaz de 418,5 milliards mètres cubes.
Malgré la chute des prix des hydrocarbures, le groupe russe a pu compter sur la dépréciation du rouble, sur des éléments financiers exceptionnels et sur une hausse de ses exportations vers l’Europe et la Turquie, deux pays qui lui assurent une part substantielle de ses revenus.
En juin dernier, le directeur général du groupe, Alexeï Miller déclarait que malgré les tensions entre la Russie et l’Union européenne au sujet de l’Ukraine, la part de marché de Gazprom en Europe ne pouvait qu’augmenter, après avoir atteint un record de 31% en 2015. Et ce, même si l’Europe cherche à réduire sa dépendance au gaz russe.
Gazprom a réaffirmé ces derniers jours sa volonté de renforcer sa position sur le marché du gaz, pour augmenter ses revenus. Elle compte y parvenir en combinant des contrats de fourniture à long terme et des nouvelles formes de commerce, comme des ventes aux enchères par exemple.