S’attendant à ce que les ratios d’endettement du laboratoire pharmaceutique demeurent élevés à moyen-terme, Fitch Ratings a abaissé la note qu’elle attribue aux obligations Teva (NYSE:TEVA) Pharmaceutical, le spécialiste mondial des médicaments génériques.
C’est une mauvaise nouvelle de plus pour le laboratoire israélien en difficulté. Sa qualité de crédit a été abaissée dernièrement d’un cran à « BB- » chez Fitch, la plus petite des trois grandes agences de notation. Au passage, la perspective associée au rating reste « négative », signifiant qu’une autre dégradation n’est pas exclue à terme.
On notera que Fitch est un peu plus sévère que sa rivale Standard & Poor’s, qui attribue à la dette de la firme israélienne un rating « BB », lequel est également assorti d’une perspective négative.
Dans son rapport, les analystes de l’agence justifient leur décision parce que le ratio d’endettement par rapport à l'Ebitda (bénéfice opérationnel) est élevé et qu'ils estiment qu'il se maintiendra à un niveau supérieur à 5 au-delà de 2020.
En cause : une croissance du chiffre d’affaires moins rapide que prévu, les coûts, l'érosion des prix des génériques ou encore, les sommes à provisionner pour solder les nombreux litiges en cours.
Quant à la perspective négative, l’agence précise qu’elle sera maintenue tant que le ratio d’endettement ne sera pas descendu sous le niveau de 5 mentionné ci-dessus. Fitch pourrait également la revoir si Teva parvient à solder ses litiges sans que cela ne nuise à sa flexibilité financière.
Comme d'autres sociétés pharmaceutiques, on rappellera que Teva Pharmaceutical est mise en cause pour avoir mené une politique marketing inadaptée et une commercialisation inappropriée d’opiacés. Si ces derniers sont utilisés en médecine pour leur puissante action analgésique, ils peuvent rapidement et facilement créer une dépendance.
Dans le cadre de qui semble être devenu un réel problème de société outre-Atlantique, Teva Pharmaceutical vient de solder un litige qui l’opposait à l’Etat de l’Oklahoma en s'acquittant d'un montant de 85 millions de dollars. Pour certains analystes, le montant total des procès et autre class action dans différentes juridictions américaines pourrait totaliser 1,4 milliard de dollars.
Au de-là de la crise des opiacés, Teva Pharmaceutical fait également face à des accusations pour entente sur les prix avec d'autres laboratoires sur le territoire américain.
Vieillissement de la population en soutien
Fitch s’attend toutefois à ce que des facteurs comme le vieillissement de la population dans les marchés développés, conjugué à un accès accru aux services de santé dans les marchés en développement, soient de nature soutenir la croissance des activités de Teva.
Concernant la cure d’austérité mise en place par Teva (comprenant entre autres des réductions drastiques d’effectifs et des cessions d’actifs), Fitch estime qu’elle devrait être en mesure de stabiliser et de compenser la baisse sévère des revenus.
Même si la société parvient à tirer le maximum de ce programme, elle n’en sera pas moins toujours confrontée à des défis dans sa croissance et sa structure de couts, tempère l’agence.
Les obligations bien ancrées sous le pair
Au fil des mois, les investisseurs ont revu à la hausse leurs prétentions de rendement pour se positionner à l’achat sur la dette émise par la firme pharmaceutique. Dette qui selon Fitch Rating, totalisait à la fin du premier trimestre 28,7 milliards de dollars.
A noter que le laboratoire doit également faire face à des refinancements importants de dette à hauteur de 7,6 milliards dans les trois années à venir, dont 2,6 milliards l’année prochaine et 4,2 milliards en 2021.
Ces montants sont ventilés en six emprunts "senior" émis lorsque Teva jouissait encore d’une note de qualité « Investment grade ».
Parmi les emprunts que Teva doit rembourser dans les années à venir, nous avons épinglé l'obligation par 2.000 dollars à maturité 2022 dont le rendement s'affiche sur les écrans à 5,70%, sur base d’un cours nettement inférieur au pair : 91,50% du nominal.