A l’approche de la publication des résultats du premier trimestre programmés le mercredi 4 mai, plusieurs courtiers ont sabré dans leur objectif de cours sur l’action Solvay (BR:SOLB), qui affiche un repli à deux chiffres depuis le 1er janvier sous les 87 euros.
Dernier en date, Credit Suisse a revu à 98 euros contre 120 euros son target price, avec une recommandation de "superformer" maintenue.
Samuel Perry, en charge du dossier, est toutefois loin d'être pessimiste, lui qui a légèrement relevé ses prévisions de bénéfice opérationnel et selon qui Solvay est l'une des actions les moins chères du secteur chimique européen.
Pour Perry, le chimiste connaîtra une année de croissance, rappelant que "la reprise des activités post covid a été lente en 2021, ce qui est relativement favorable pour l’exercice en cours".
L’incertitude de la scission
Alors que l’objectif de cours a été abaissé en raison de la valorisation inférieure des pairs du secteur, l’analyste estime que la plus grande des incertitudes concerne le manque de détail entourant la scission de Solvay en deux entités qui seront cotées séparément.
Si le marché aime traditionnellement ce type d'opération, l’annonce à la mi-mars n’avait d’ailleurs pas vraiment suscité l'enthousiasme des investisseurs.
Solvay prévoit pour mémoire de scinder ses activités de chimie de spécialité, dotées d’un potentiel de croissance supérieur et davantage rentables, de ses activités historiques (carbonate de soude dont il fait office de leader mondial).
Dans l'ensemble, les analystes avaient salué la plus-value pour l’actionnaire que devrait engendrer l’opération, dont la finalisation est prévue dans la seconde partie de 2023, une fois les traditionnelles approbations réglementaires obtenues.
Mais au même titre que Credit Suisse, la communauté a préféré retenir certaines zones de flou, et notamment la manière dont sera répartie la dette, de même que les coûts d'entreprise et les perspectives de rentabilité des deux entités nouvelles.
Chez Citi, on aurait aimé également d’avantage de précision quant à la répartition du passif et aux provisions. La banque américaine reconnait certes que le projet constitue une étape significative pour dégager de la valeur, même si à court terme, l’opération va soulever davantage de questions que de réponses.
JP Morgan, qui est la plus optimiste quant au potentiel de l’action (147 euros), note que les entités disposent d'une plus grande flexibilité stratégique pour poursuivre différentes voies de création de valeur. "Cotées distinctement, elles pourraient en outre susciter l'intérêt d’acquéreurs potentiels", estime la banque d’affaires.
Gare à l'inflation
UBS, qui vient lui de confirmer sa recommandation "à vendre" et a réduit son objectif de cours de 87 à 83 euros, estime que l'inflation reste un défi pour le groupe.
A l’achat sur l’action, on a également sabré dans le target price du côté de la Deutsche Bank (DE:DBKGn), de 135 euros à 120 euros. Si l'analyste a diminué d’environ 1% ses estimations du bénéfice par action pour la période 2022-2024, Deutsche Bank estime que la valorisation de l'action reste attrayante, soulignant les signes croissants de changement positif en cours.
Rappelons que Solvay a bouclé 2021 sur un bénéfice net en hausse de 68,3% à un milliard d’euros. Pour l’année en cours, le fleuron de l’industrie belge table sur une croissance à un chiffre de ses revenus, et une génération de free cash flow de plus de 650 millions d’euros.
Jefferies, qui est "à conserver" sur le dossier, vient lui aussi de réduire son objectif de cours de 103 à 97 euros. L’analyste Chris Counihan, a déclaré qu'il s'attendait à un EBITDA de 596 millions d’euros, tandis que la demande sous-jacente restait forte.