Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Ah… ! L’union bancaire, les nouvelles règles de sauvetage des banques en difficulté, la grande première si prometteuse de Banco Popular (MC:POP) par Santander en Espagne qui soulageait tout le système… ! Patatras… l’impitoyable réalité a rattrapé les bonnes intentions de façade du gouvernement italien, démenti les communiqués lénifiants de la BCE qui se félicitait de la façon dont elle avait réglé le problème BPOC. La décision a été prise de liquider deux banques zombies : Banca Veneto et la Banca Popolare di Vicenza après l’échec des tentatives d’adossement ou de reprise.
Ce ne sont que deux petites banques régionales qui représentent un actif combiné de 60 Mds€. Ce chiffre ne vous parle pas ?
C’était le montant de dettes jugées « à risque » supportées par la Grèce lorsqu’avait éclaté la crise en 2010… L’Allemagne jugea alors que ce montant était trop considérable pour qu’on se permette de tirer un trait dessus ! Avec les deux petites banques italiennes, les 60 Mds€ passent à la trappe, le contribuable paiera, une nouvelle fois : il va lui en coûter 11 Mds€, et ce n’est qu’un hors d’oeuvre ! Cela fait un an que ma collègue Simone Wapler et moi-même alertons nos lecteurs sur le risque bancaire. Vous croyez votre argent à l’abri dans votre banque ? C’est FAUX ! Vous pouvez vous le faire confisquer, il peut servir à renflouer votre banque ! Simone a d’ailleurs rédigé un livre sur le sujet et nous avons réalisé une interview ensemble. Je vous laisse la découvrir pour en savoir plus :
La BCE explique qu’elle lâche cette fois les deux petites banques par la violation à maintes reprises de ses exigences de fonds propres. La réalité est que les liquidités injectées par le fonds Atlante (la bad bank parrainée par le gouvernement italien et immatriculée au Luxembourg, chargée de porter les actifs toxiques) n’ont pas suffi. En 2015, Atlante avait investi environ 3,5 Mds€ dans Banca Veneto et Banca Popolare di Vicenza, mais la situation financière de ces deux banques s’est encore détériorée en 2017 et JP Morgan – qui avait été recruté pour sauver les deux banques italiennes via un adossement – selon toute vraisemblance, a jeté l’éponge, tout le monde sachant que ces dossiers étaient trop pourris. Avec un réalisme et un sens du devoir qui forcent le respect, le ministre italien de l’Economie Pier Carlo Padoan avait affirmé l’an passé que pas un euro de plus ne devrait être injecté dans les banques vénitiennes… Mais toutes ces paroles creuses sont balayées et plus ça change, moins ça change : le contribuable paiera !
La seule question qu’il faille se poser maintenant c’est : à qui le tour ?
Vous en aviez rêvé ? Ce n’est pas près d’arriver
Et pour terminer, revenons en quelques lignes sur la visite d’Emmanuel Macron en Allemagne. Le titre du magazine Le Point est le seul qui ose suggérer que ce fut une nouvelle humiliation pour un dirigeant français : « Macron au sommet de l’UE : premiers échanges, premier revers ». Revers en effet sur la question des travailleurs détachés : une bonne partie de la compétitivité allemande reposant dessus, c’est « nein », pas question de revenir là-dessus, ni sur les traités en vigueur. L’Allemagne veut bien tolérer une « évaluation » au cas où… mais il n’y aura pas forcément de remise à plat si des abus sont démontrés.
Une évaluation pourra également être diligentée en ce qui concerne la demande française de protection de nos entreprises contre des acheteurs asiatiques (le terme de prédateurs serait plus approprié). Là encore, Angela Merkel estime qu’en matière de commerce international et de circulation des capitaux, l’Europe doit se conformer aux règles de l’OMC… et la France de Macron également. Enfin, Emmanuel Macron estime que la France et l’Allemagne doivent parler d’une même voix… mais Angela Merkel a bien fait comprendre que c’est la sienne qui doit être entendue. Normal, elle est à 3 mois des législatives (mais nous parions qu’elle continuera de se comporter de la même manière une fois élue !). Jupiter voit son pouvoir se briser au contact du monothéisme européen… qui est surtout germanique, les Grecs tombés de l’Olympe vers l’Hadès peuvent en témoigner.