Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Un petit épisode de nervosité a fait tanguer Wall Street mardi, avec des écarts à la baisse un peu surprenants sur les technos, le Nasdaq chutant de -1,6% mardi soir. Les commentateurs, suite aux « mises au point » de membres de la BCE, se sont empressés d’invoquer un phénomène de surréaction aux allusions de Mario Draghi concernant la reflation. Certains opérateurs en auraient conclu un peu hâtivement que la BCE s’apprêterait à changer de ton (et donc de stratégie) d’ici fin 2017, avec l’amorce d’un tapering (réduction des injections de liquidités à partir de 2018). Ajoutez à cela les déclarations quasi surréalistes de Janet Yellen concernant des actions « chèrement valorisées » – elle qui n’avait pas émis la moindre objection lors de la bulle des dot.com en 2000 ou concernant les dettes immobilières en 2006/2007 !
Mais rassurez-vous : Wall Street s’est rapidement remis de ses émotions en effaçant ses pertes dès mercredi. Le Nasdaq a repris +1,45% mercredi soir après avoir lâché -1,6% la veille. Fin de l’historiette, beaucoup de bruit pour rien, retour au business as usual. Mais si le comportement des indices US peut entretenir l’illusion, elle se trouve rapidement dissipée par la lourdeur des marchés obligataires puisque les T-Bonds se sont encore dégradés et le rendement est passé de 2,13% à 2,26%.
Les cambistes n’ont pas davantage cru un mot du discours des lieutenants de Mario Draghi visant à accréditer une poursuite de la stratégie « accommodante pour une période encore très étendue » (selon la terminologie habituelle). L’euro a donc résolument poursuivi son ascension face au dollar, jusqu’à marquer un plus-haut à 1,1433 dollar ce matin, revenant sur les 1,15, niveau qui fait office de résistance depuis 2015.
Il faut dire que la baisse du dollar face à l’euro favorise évidemment les exportatrices américaines (pour trouver une raison à la hausse de Wall Street). Mais il y a encore mieux : le Dollar Index est en chute libre face à un panier de devises et semble bien parti pour renouer tout prochainement avec le plancher des 93 de ces deux dernières années – auquel cas, l’euro devrait s’envoler bien au-delà des 1,15.
Vu depuis New York, Nassau (Bahamas) ou Miami, les actions ou ETF cotées en euro affichent une performance de +20% en moyenne, deux fois supérieure à celle du S&P500 et légèrement plus forte que celle du Nasdaq (+15,8%). Les actions européennes sont (en relatif) moins chèrement valorisées que leurs homologues américaines, mais corrigée de la faiblesse du dollar, leur performance devient carrément ébouriffante. Hors variable dollar, un indice comme le CAC40 affiche +30% en 1 an, en incluant le change, la performance atteint +33%… Qui dit mieux ?