L’augmentation de la volatilité et les accès de faiblesse des obligations d’entreprises incitent les investisseurs à plus de prudence. Ils se montrent notamment plus exigeants en termes de prime de nouvelle émission à l’égard des entreprises levant des fonds aux États-Unis.
Pour rappel, la prime d’émission est sensée encourager les investisseurs à privilégier les obligations sur le marché primaire, plutôt que le papier déjà en circulation sur le marché secondaire. Pour se faire, le nouvel emprunt doit proposer un rendement supérieur au rendement qu’une obligation du même émetteur et de même durée devrait offrir, si elle était négociée au même moment sur le marché secondaire. Cette différence de rendement constitue la « prime de nouvelle émission ».
Selon des sources bancaires citées par le Financial Times, les investisseurs exigent désormais en moyenne une prime de nouvelle émission de 12 à 15 points de base (0,12 à 0,15%). Il s’agit d’un plus haut sur ces six derniers mois.
Certaines entreprises doivent se montrer plus rémunératrices encore. Le spécialiste du forage pétrolier offshore Ensco (NYSE:ESV) a par exemple placé la semaine dernière 1,25 milliard de dollars d’obligations à 10 et 30 ans. Le rendement à l’émission du nouvel emprunt à 10 ans incluait une prime de nouvelle émission de 25 points de base (0,25%).
"Nous avons vu la volatilité des marchés augmenter ces dernières semaines et certaines obligations ne se comportent pas très bien dès les premiers échanges sur le marché secondaire (*) ", explique Peter Toal, responsable ‘leverage finance’ chez Barclays. "En conséquence, les investisseurs exigent une prime plus élevée pour souscrire aux nouvelles émissions".
Ces tensions interviennent alors que le rallye de ces dernières années des obligations d'entreprises s’essouffle, sur fond de crainte d’une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis et d’interrogations sur les niveaux de valorisation atteints par certaines classes d’actifs, comme les obligations « High Yield » (spéculatives). L’abondance de l’offre sur le marché primaire a également joué un rôle, relève un analyste.
Notons que les primes de nouvelle émission restent toutefois inférieurs aux niveaux observés lors de la crise financière lors de la faillite de Lehman Brothers. " Cela signifie aussi que les conditions de financement très agressives ne seront plus accessibles à tous les émetteurs ", conclut Peter Toal.