Focus ce mercredi sur l’un des emprunts émis par Areva (PA:AREVA), le groupe nucléaire français dont les difficultés financières et opérationnelles suscitent l’inquiétude. Le rendement annuel proche de 8% affiché par l'obligation Areva 2017 en témoigne.
Areva connaît des heures difficiles depuis la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011. À l’époque, le groupe y réalisait près de 10% de son chiffre d’affaires. Le non-redémarrage des réacteurs nucléaires a grevé les comptes de l’entreprise française, mais pas seulement.
L’arrêt massif des centrales allemandes, les retombées du scandale Uramin, les déboires de ses chantiers d’Olkiluoto en Finlande ou encore des fissures dans la cuve du réacteur EPR de Flamanville (Manche) handicapent aussi lourdement l’entreprise.
Les comptes de la compagnie s’en ressentent. Plombée par les provisions et les dépréciations d’actifs, Areva a clôturé son exercice 2015 par une perte de deux milliards d’euros, sa cinquième année consécutive dans le rouge.
Face à ces difficultés, l’État français, principal actionnaire, est engagé depuis l’été 2015 dans un processus de refondation de la filière nucléaire française dont les grandes lignes viennent d’être précisées.
Recentrage sur le cycle du combustible nucléaire
Areva va se recentrer sur ses activités de cycle du combustible (extraction, transformation, traitement des déchets) qu’elle regroupera au sein d’une nouvelle entité baptisée provisoirement New Co. Les activités destinées à être cédées, comme les énergies renouvelables, resteront sous le contrôle de la maison-mère Areva.
Les deux entreprises (Areva et Newco) bénéficieront d’une augmentation de capital pour un total de cinq milliards d’euros, principalement souscrite par l’État français. Celui-ci devrait détenir de manière directe ou indirecte au minimum deux tiers de New Co, à l’issue du processus de recapitalisation.
L’activité de construction et de services de réacteurs (Areva NP) sera reprise par EDF (PA:EDF). Toutefois le chantier de la construction du réacteur EPR à Olkiluoto en Finlande, pierre d’achoppement entre EDF et Areva, restera sous la responsabilité de cette dernière qui en assurera le bon achèvement.
Le groupe français indique également dans son document de présentation qu’une partie de la dette d’Areva SA devrait être transférée à New Co, sans fournir plus de précisions.
Rendement élevé
Sur le marché obligataire, la prudence reste de mise, comme le reflète le rendement particulièrement élevé de l’obligation arrivant à échéance le 15 octobre 2017. Il s'élève à 7,875% ce mercredi, sur base d’un prix de 96%. L'investissement est fixé à 100.000 euros en nominal.
Il s’agit d’un emprunt spéculatif, comme le souligne le rating « B+ » chez Standard & Poor’s.