Chute des prix pétroliers : les obligations « High Yield » du secteur de l’énergie corrigent
La chute des prix pétroliers s'est accélérée et s’étend dorénavant au marché obligataire. Pour preuve, le rendement moyen des obligations d’entreprises « High Yield » du secteur énergétique dépasse désormais les 7% en dollars, contre 5,6% en début d’année, relève le Financial Times.
Les gains générés par ces obligations spéculatives depuis le 1er janvier viennent par ailleurs d'être réduits à zéro, contre une hausse de 4,17% pour le marché « High Yield » dans son ensemble.
Cette correction du prix des obligations et la hausse des rendements qui en découle ne devraient pas manquer de se répercuter sur les conditions de financement de l’industrie. D'autant que ces dernières années, les compagnies d’explorations et d’exploitations pétrolières américaines n'ont pas hésité à solliciter le marché obligataire pour financer leurs investissements, à des conditions très avantageuses.
Autre chiffre révélateur, la dette énergétique US représenterait pas moins de 16% des 1.300 milliards de dollars du marché « High Yield » américain. Selon les analystes « crédit » de la Deutsche Bank, un baril de pétrole sous les 60 dollars pourrait même provoquer une hausse du taux de défaut de certaines entreprises du secteur. Pour rappel, tout recul continu des prix de l’or noir se traduit par une baisse des revenus des sociétés pétrolières, limitant leurs capacités à réduire leur endettement ou à financer les investissements nécessaires au maintien de leur rentabilité.
Le risque systémique est également évoqué alors que certains analystes font un parallèle avec l'industrie des télécoms qui s’était endettée à la fin des années 90 et au début des années 2000. L’explosion de la bulle internet allait ensuite provoquer une vague de faillites des télécoms, avant de se propager à l'ensemble du secteur financier.
L’indice Bloomberg USD High Yield Corporate Bond Index Energy comporte pas moins de 360 obligations émises pas des sociétés comme Ep Energy (NYSE:EPE), California Resources ou encore Petrõleos de Venezuela.
Début septembre, California Resources lançait justement un emprunt senior d'un milliard de dollars arrivant à échéance en janvier 2020 avec un coupon de 5%. Quelques semaines à peine après son émission, l'obligation se négocie aux alentours des 85% du nominal. L’émission est notée « BB » chez Standard & Poor’s.
Pour le financement de projets d’exploration dans le Bassin Permien à l’Ouest du Texas, American Energy Partners (NYSE:NOA) LP avait émis début juillet un emprunt senior d’une durée de six ans, assorti d’un coupon fixe de 7,125%. Depuis lors, le cours de l’obligation a chuté à 80% du nominal pour un rendement proche des 12% en dollars. Ce groupe établi dans l’Oklahoma est noté « Caa1 » chez Moody’s, une note clairement spéculative.
Le britannique Paragon Offshore (NYSE:PGN), spécialisé dans les forages en mer allant du Mexique jusqu’à l’Ouest de l’Afrique, offre pour sa part du 10% avec son obligation 7,25% - 2024. « Nous observons bien évidemment les mouvements de baisse des prix pétroliers, mais nous n’avons pas encore vu d’impact sur notre activité », a indiqué Lee M. Ahlstrom, porte-parole de Paragon.
Basé à Houston au Texas, Hercules Offshore (NASDAQ:HERO) Inc propose quant à lui plus de 20% sur une durée de huit ans avec son obligation senior 6,75%. Les derniers prix s’affichaient sur les écrans à 57% du nominal...
Nous tenons à préciser qu'au vu de la situation actuelle, la liquidité sur ces obligations est plus que limitée. Il est donc fort probable de ne pas pouvoir les acheter facilement sur le marché secondaire.