Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Après la tax reform, l’une grandes promesses de campagne de Donald Trump très appréciée de Wall Street, c’est au tour de l’allègement des contraintes réglementaires qui pèsent sur les banques et les établissements financiers « systémiques » d’être désormais dans les tuyaux.
Ces régulations post-crise des subprimes avaient été instaurées au début du premier mandat de Barack Obama.
Comme tout ce qu’avait accompli son prédécesseur doit être annihilé, anéanti, rayé des tablettes – c’est la mission quasi divine dont se sent investi Donald Trump –, les limites en matière de trading pour compte propre et de prises de risque vont être repoussées par le Regulatory Relief and Consumer Protection Act, qui a été voté par le Congrès hier soir.
Vous pourriez vous demander comment l’allègement de la réglementation dans ce domaine va contribuer, comme le prétend la nouvelle loi, à renforcer la protection des clients des banques –, mais comme tout ce qu’avait ordonné Barack Obama était mauvais, il suffit de le défaire pour que ce soit bon pour l’Amérique : c’est un « Trumpisme » de base, un des piliers de sa logique.
▶ Une Fed moins intrusive
Selon les termes de la nouvelle loi, le seuil qualifiant une institution financière de « systémique » (ce qui lui impose de respecter de nombreuses règles prudentielles plus strictes et des reporting plus contraignants) va être relevé de 50 à 250 Mds$ d’actifs, ce qui va soulager de nombreuses banques de taille régionale ou des institutions plus spécialisées sur un domaine financier particulier.
C’était un des principaux instruments de bridage des velléités spéculatives de la loi Dodd-Frank de 2010, adoptée pour éviter la répétition de la crise financière de 2008.
Le projet de refonte voulu par Trump donne également plus de latitude aux autorités de réglementation (Fed et organismes de supervision bancaire) pour décider qui elles soumettent aux stress tests et quand il leur semble pertinent de se soucier des fonds propres détenus par les banques dont l’actif se situe entre 100 et 250 Mds$.
« Les partisans de la nouvelle législation font déjà des profits records. Je ne sais pas quel problème leur pose Dodd-Frank », a commenté le président de la Fed de Minneapolis Neel Kashkari. Mais le fait est que les restrictions visant le trading pour compte propre, un héritage plus ancien de la règle Volcker durcie par la loi Dodd-Frank, vont être également assouplies pour ce qui concerne les opérations à risque et garanties par les dépôts des épargnants.
▶ Le Département du Trésor s’engouffre lui aussi dans la brèche
Le Département du Trésor et la Fed ont déjà appelé à des changements sans même attendre que le Congrès n’amende la loi, et plaident notamment pour la suppression de la disposition selon laquelle les positions détenues par les banques depuis moins de 60 jours sont considérées comme spéculatives…
Ces positions doivent, il est vrai, faire l’objet d’une couverture plus gourmande en capitaux propres, ce qui revient aux yeux des grosses banques d’affaire à les « interdire », donc à les priver, ainsi que leurs actionnaires, d’opportunités de gains importants.
Un véritable frein à la bonne marche des affaires ! Comme s’il n’y avait pas assez de levier spéculatif dans les marchés après 17 mois de hausse sur 19 à Wall Street…
Le législateur s’est montré prudent en ne votant pas l’abrogation de cette disposition mercredi soir, mais nul doute que les banques concernées reviendront à la charge. Un coin a été enfoncé dans la Loi Dodd-frank et les prochains coups finiront par lui être fatals, ce n’est sans doute plus qu’une question de temps…