L'accent cette semaine a été une fois de plus sur la politique alors que le président Obama a prononcé son discours sur l’état de l'Union devant le Congrès. Peu de données économiques ont été publiées, mais toutes son bien orientées (graphique).
Le président Obama a présenté un programme très complet, très ambitieux et, pour certains, très partisan. Comme ce fut le cas avec son discours d'investiture, il s’est clairement déclaré prêt à affronter les Républicains sur les priorités du gouvernement fédéral. Au cours de son premier mandat, le président Obama a tendu la main à l'opposition mais, dorénavant, il a l’intention d’utiliser le levier de l'opinion publique. L’objectif est le soutien à la classe moyenne, avec davantage de revenus, d'éducation, la ré-industrialisation, l’indépendance énergétique, une voie plus facile vers la citoyenneté pour les immigrés, un meilleur environnement, une mise à niveau des infrastructures ... et moins d’armes.
Sur l'ordre du jour économique, le président Obama a réitéré son appel à une approche plus équilibrée que les coupes automatiques de dépenses dans les réductions des déficits. Il a également appelé à une hausse, loin d'être négligeable, du salaire minimum fédéral 1 , et à son indexation sur l'inflation, afin de préserver son pouvoir d'achat. Sur la politique commerciale et en raison de l'échec des négociations multilatérales, il a appelé à un accord de libre-échange avec l'Union européenne.
Suite à ce discours, le projet de budget est attendu avec impatience. Les propositions devraient reprendre les éléments de l'American Jobs Act 2 qui n’avaient pas été adoptés, comme une banque de financement des infrastructures. Un autre point intéressant sera la façon dont les mesures sont financées, le président Obama ayant déclaré que les déficits ne seraient creusés par aucune d’entre elles.
La publication des données de ventes de détail pour janvier, meilleures qu’anticipé, a conforté notre optimisme. En hausse de 0,1% sur le mois, la vigueur ne peut être attribuée à des éléments ponctuels, les ventes de carburant et d’automobiles étant restées quasiment étales, alors que hors ces deux composantes, les ventes ont augmenté de 0,2%. Ces données sont cruciales puisque les premières à indiquer la tendance des dépenses des ménages début 2013 et ainsi, l'effet potentiel de l’accord budgétaire sur la consommation privée. Le Fiscal Fix, qui a permis d’éviter le Fiscal Cliff, a mis fin au taux réduit de cotisation salariale, le taux d'imposition revenant à son niveau habituel de 6,2% (après deux ans à 4,2%).
Cela réduira directement les revenus du travail. Mais l'impact global sur le revenu disponible des ménages dépend d’autres facteurs. En effet, tous les employés ne paient pas cet impôt, alors que son montant est plafonné. Nous estimons l’effet total sur le revenu disponible des ménages à environ -1 point de pourcentage. L'effet sur la consommation devrait être encore plus modéré, les ménages ayant bénéficié de paiements anticipés (bonus et dividendes) en fin d’année dernière. Ces montants ont été épargnés, conduisant à un bond du taux d'épargne, de 4,1% en novembre (3,7% en moyenne sur les 11 premiers mois de 2012) à 6,5% en décembre, c'est-à-dire une hausse de 2,4 points de revenu disponible. Ces liquidités supplémentaires seront probablement utilisées pour maintenir le niveau de consommation, alors que toute accélération des créations d'emplois soutiendrait revenus et dépenses.
Comme toujours, tout dépend du marché du travail. À cette égard, la stabilisation des demandes d’indemnités chômage, aux alentours de 350 000, est positive, ce niveau étant compatible
avec des créations mensuelles d’emplois d’environ 170 000 dans le secteur privé. Finalement, la composante emploi de l'enquête de la Fed de New York dans le secteur manufacturier a bondi en février, pour atteindre son plus haut niveau depuis août 2012, à un équivalent (ISM) de 54,0. En effet, avec une activité qui accélère clairement – la production manufacturière a progressé de 7,7% en janvier, en rythme annualisé sur 3 mois – les entreprises doivent augmenter les capacités de production, ce qui signifie davantage d'investissements en équipements et logiciels et davantage et des créations d'emplois.