En quête du prochain moment Madoff
Vous connaissez par coeur notre point de vue : la stratégie « non conventionnelle » mise en place par les banques centrales, c’est juste un gigantesque « Ponzi à la Madoff ». Mais avec un Madoff qui fait tourner la plancher à billet dans sa cave.
Cela reste donc un « Ponzi », et ce Madoff 2.0 devrait prendre 5760 ans de prison pour faux monnayage à une échelle jamais observée l’aube de l’Humanité… En plus des 150 ans dont il a déjà écopé en juin 2009.
La production de « fiat monnaie » additionnelle atteint 220 milliards d’équivalent-dollars par mois depuis le 3 août. Depuis que la Banque centrale britannique à musclé son QE de +60 Mds£ par an, pour le porter à 485 Mds£ (soit environ 558 Mds€/an ou 46,5 Mds€ par mois.
Et pendant ce temps, la Fed amuse la galerie avec ses velléités de resserrement monétaire, tout en veillant soigneusement à maintenir son « bilan » (le volume des encours qu’elle détient) à 4500 Mds$. Ce qui équivaut à racheter à peu près autant de « papier » chaque mois que la Bank of England avant qu’elle n’étendant ses rachats de +13 Mds$/mois.
Maintenant que les marchés sont assurés que la Fed ne relèvera ses taux qu’une seule fois cette année, et à condition que le résultat des élections du 8 novembre correspondent aux voeux de l’oligarchie financière et médiatique, nous nous rapprochons du moment où il va bien falloir admettre qu’il n’y a aucun « cycle » de normalisation des taux en cours, et strictement aucune inflexion des « quantitative easing ».
Et même si la Fed souhaitait sincèrement augmenter son taux directeur de 25 points en décembre, le « momentum » économique joue contre elle, avec de nombreux signaux de ralentissement de l’activité mondiale (les échanges de marchandises sont au plus bas depuis 2 ans) et des foyers de dégradation structurelle tenaces sur son propre sol.
Une hausse de taux tous les 12 mois, cela ne constitue pas un cycle et encore moins s’il faut patienter jusqu’à début février 2017..
Pour les citoyens que nous sommes, cela signifie que notre épargne n’est pas prête de refaire des petits et que le crédit va demeurer bon marché.
La tentation peut donc être grande de profiter de cette aubaine
Mais comme tout le monde succombe aux sirènes de l’argent quasi gratuit, les prix de l’immobilier progressent inexorablement… et bien plus vite que ne baisse la facture pour les emprunteurs (sur les 12 derniers mois, les prix ont augmenté de +2,2% à Paris).
Pour 10000€ économisés sur un dossier de crédit immobilier de 200 000€ (avec des taux longs retombés de 3 à 2%, assurance incluse) l’acheteur fait-il une bonne affaire si le bien acquis a pris entre +25 000€ et +40 000 dans l’intervalle (en région Ile-de-France et Paris).
L’acquéreur potentiel a perdu une pièce -voir plus- à capacité d’emprunt égale depuis que les taux ont commencé à baisser en 2009.
En revanche, en province, la baisse des taux, les PTZ (prêts à taux zéro) avantagent effectivement l’emprunteur. En-dehors de quelques métropoles génératrices d’emplois (Nantes, Bordeaux, La Rochelle…), il n’y a pas d’inflation dans l’immobilier. A salaire constant, on peut donc acheter plus grand.
Mais pour obtenir un prêt, il faut avoir un emploi et plus précisément un CDI : en dehors de la fonction publique, cela devient une denrée rare, et plus encore en province.
Le constat est le suivant
Les banques centrales réduisent les taux, distribuent de l’argent à gogo… mais ils ne peuvent pas inventer des acheteurs solvables, et encore moins s’opposer à la montée inexorable de la précarité.
Aux Etats-Unis, le problème avait été résolu avec les subprimes, c’est-à-dire des prêts consentis à des acheteurs notoirement insolvables. Mais cette époque est révolue.
Les banques distribuent désormais du crédit sans condition aux acheteurs de véhicules neufs (des « prêts sur gage » en quelque sorte) et aux étudiants (auxquels on ne demande naturellement pas de produire la preuve d’un CDI pour obtenir de l’argent… puisque c’est l’Etat qui se porte garant de ce type de dettes aux Etats-Unis).
Mais pour l’essentiel, ce sont les entreprises et les spéculateurs (hedge funds notamment) qui absorbent l’argent imprimé par les banques centrales, soit pour racheter leurs propres titres, soit pour accroître les leviers sur les marchés dérivés… ce qui accroît le poids de la finance virtuelle.
Et comme il s’agit d’un gigantesque Ponzi, il n’y a pas d’autre choix que la fuite en avant dans la production de fausse monnaie.
C’est la même qui figure sur vos comptes en banque, dans vos contrats d’assurance-vie, vos retraites par capitalisation. Mais vous, c’est de la vraie richesse que vous aviez produite.
Mais la fausse monnaie des banques centrales se confond avec la vôtre et pourrait subir à tout moment l’effet dévastateur d’une perte de confiance. Dans ce cas, c’est l’épargnant qui perd tout, tandis que la banque centrale peut redescendre dans ses sous-sols et doubler la cadence de ses imprimantes.
D’où l’impérieuse nécessité de convertir une partie de votre épargne en quelque chose de tangible. Vous lisez dans nos publications des recommandations constantes en faveur de l’or, plus rarement en faveur de l’immobilier parce que cet investissement financiarisé est également sujet à la formation de bulles.
En revanche, le foncier au sens large (ce qui inclut terres, bois, étangs, vignes, etc.) recèle encore de bonnes opportunités. Cela ne fera pas exploser la valeur de votre patrimoine comme un bon délit d’initié concernant la prochaine manipulation des actifs financiers par les banques centrales, mais au moins, cela ne va s’évaporer au beau milieu de la nuit.
Comme un portefeuille d’actions chinoises en juin 2015, ou des titres de l’armateur coréen Hanjin (KS:097230) le 9 septembre dernier… ou encore des titres (MI:BMPS) début janvier puis début juillet (-50% par 2 fois).
Ou des titres de la Deutsche Bank (DE:DBKGn) ?
Nous attendons avec impatience de connaître la réaction des investisseurs lors de l’annonce de sa prochaine augmentation de capital. Cela pourrait constituer un nouveau moment Madoff… au même titre qu’un sondage un peu sérieux créditant Donald Trump d’une avance de 4 points sur Hillary Clinton, un avantage considéré comme suffisant à 6 semaines d’un scrutin présidentiel aux Etats-Unis.
Deutsche Bank enfonce son plancher historique des 11€ et part en vrille, provoquant un frisson glacial dans tout le secteur financier.