Casino, le groupe de distribution dirigé par Jean-Charles Naouri a échoué à rassurer les investisseurs sur sa dette, à l’occasion de la publication de ses résultats trimestriels. L’action et les emprunts du groupe ont nettement reculé, entraînant dans leur sillage les titres Rallye.
Avec la bonne performance opérationnelle de l’ensemble de ses activités et la progression de son bénéfice net, le distributeur stéphanois avait pourtant mis en en avant, dans son bulletin semestriel, la réduction de sa dette financière nette.
Par rapport au premier semestre 2017, elle a reculé de 149 millions à 5,445 milliards d’euros au niveau du groupe, et de 295 millions pour le seul périmètre français, précisait le distributeur dans son communiqué. Certains analystes l'ont rapidement recadré. Il s’agit d’une baisse en trompe-l’œil, car elle repose sur des opérations intragroupe, ont-ils expliqué. Casino France a reçu 200 millions d’euros en provenance de sa filiale brésilienne GPA, correspondant à des anticipations de dividende que GPA versera dans le futur, a précisé à Reuters un analyste sous couvert d’anonymat. Sans cette opération, l’endettement est resté stable, ont ajouté plusieurs analystes à l’agence de presse.
C’est une mauvaise nouvelle pour Casino, fragilisé depuis quelques semaines par les inquiétudes des investisseurs sur sa solidité financière et le niveau de son endettement. Au point d’inciter Standard & Poor’s à placer, en avril, la note « BB+ » sous surveillance négative, laissant entendre qu’une dégradation du rating était possible. Enfin, le distributeur est dans le viseur de l’activiste financier américain Muddy Waters depuis 2015, qui juge le groupe opaque et anormalement endetté.
Début juin, Casino a annoncé un plan de cession de 1,5 milliard d’euros pour accélérer la transformation de son modèle d’activités et réduire plus rapidement la dette des activités françaises. Il s’estime capable d’atteindre la moitié du montant visé avec la cession de 15% de Mercialys (PA:MERY), sa filiale foncière, à un établissement bancaire, et la vente d’actifs non identifiés.
Les inquiétudes pour l'endettement ont éclipsé des résultats semestriels jugés solides par les analystes de Bernstein.
Le chiffre d’affaires consolidé du groupe a affiché une croissance organique sur un an de 4,1% à 17,8 milliards d’euros (-3,4% en tenant compte des effets de change). Le résultat opérationnel courant a gonflé de 10,3% au premier semestre hors effet de change (-2,4% avec l’effet des devises). Les objectifs annuels sont confirmés. Insuffisants toutefois pour rassurer.
L’action Casino a perdu 8,86% à la Bourse de Paris, portant la capitalisation boursière de l'entreprise à 3,55 milliards d’euros.
L’obligation Casino Guichard Perrachon, remboursable en 2025 et notée « BB+ » chez Standard & Poor’s, est tombée à un peu plus de 95,12% du nominal, correspondant à un rendement annuel de 4,45%.
Les déboires de Casino ont rejailli sur Rallye, la maison-mère du distributeur et dépendante du dividende versé par celle-ci. L’action a glissé de 5,37% et l’émission remboursable en 2022, assortie d’un coupon fixe de 3,4%, a cédé plusieurs points pour atteindre 73,31% du nominal, correspondant à un rendement de 13,38%.