Si nous avons accueilli avec scepticisme le (re-)franchissement des 4 800 points mercredi, nous n'avons pas été surpris de voir le CAC40 plafonner ensuite.
La rechute du CAC sous ce niveau tend même à confirmer notre scénario technique de rouding-top de retournement (ou sommet parabolique). S'il peut être une figure de continuation de tendance, il préfigure le plus souvent un retournement, donc ici une consolidation de moyen terme.
Auquel cas, l'objectif serait un retour sur les 4 500 points.
Mais en dépit d'une panoplie d'indicateurs techniques (Momentum, RSI, bandes de Bollinger... nous n'allons pas vous assommer avec la description de ces outils) qui indiquent tous une invalidation de la tendance haussière, nous ne déclenchons pas d'alerte à la baisse.
Et nous avons pour cela une bonne raison : le marché directeur en Europe, c'est Francfort et c'est le DAX30. C'est lui qui fait référence, et confirme ou infirme l'ancrage dans une tendance. Or le DAX a préservé le support des 11 530 points, testé à plusieurs reprises depuis 1 mois (flèches vertes).
Si la cassure des 11 500 points avait eu lieu hier, la cause aurait été entendue et l'indice aurait amorcé sa glissade en direction du gap des 10 786 (6 décembre). Nous aurions alors validé par la même occasion la fermeture du gap des 4 640 points sur le CAC40 (ce même 6 décembre) et un retour sur l'objectif des 4 500 points, l'ex-plancher du 10 novembre au 5 décembre.
Voilà le moment de rappeler que le rally de fin d'année, souvent attribué à "l'effet Trump" trouve en réalité sa justification dans l'anticipation puis la confirmation que la BCE a instauré un QE jusqu'à fin 2017 et probablement mars 2018, avec un recalibrage au format initial de 60 Mds€/mois.
Après quelques mouvements de Yo-Yo, nous voici revenus à la case départ -- ou plutôt au milieu de nulle part en termes directionnel pour les day-traders.
Notre sentiment profond, c'est que nous effectuons un lancinant "voyage au bout de l'ennui" et qui nous frustre d'autant plus que nous savons que ces phases de camisole algorithmique enrichissent les gros opérateurs, pas les petits épargnants. Ces grosses mains qui manipulent de très lucratifs outils spéculatifs encaissent la valeur temps, stratégique à laquelle les particuliers ou même les grosses sociétés de gestion d'OPCVM n'ont pas accès.
La Fed grand fakir endort les marchés avec son pipeau
Le communiqué de la Fed, diffusé mercredi, était ciselé pour encourager la poursuite de la dérive latérale des indices boursiers. Outre la confirmation d'un statu quo sur les taux (anticipé à 99,99%), elle s'est abstenue de commenter la conjoncture, expliquant qu'elle attendait de recueillir d'avantage d'éléments macro-économiques pour modifier sa stratégie de resserrement graduel des taux d'intérêt.
La Fed n'a donc délivré aucun message conjoncturel ou monétaire, aucune aspérité sémantique à laquelle se raccrocher : une sorte de bulletin météo annonçant que le brouillard des dernières semaines ne donne aucun signe de dissipation et qu'il faudra sans doute patienter jusqu'aux grandes marées d'équinoxe pour voir les masses d'air se dissiper.
Même Donald Trump s'est également abstenu de fournir aux marchés un motif de s'émouvoir avec la nomination de Neil Gorsuch comme neuvième juge de la Cour Suprême (c'est un emploi à vie, il convient de le rappeler).Goldman Sachs s'est toutefois fendu d'un communiqué pour estimer à 30% (c'est faible) la probabilité d'une hausse de taux en mars. D'autres experts estiment que la Fed s'est délibérément abstenue d'entretenir l'anticipation d'un scénario à trois hausses de taux. De quoi permettre à Wall Street de se rendormir près des sommets pour encore quelques semaines.
Neil Gorsuch est certes conservateur et "pro-life" mais son investiture n'alimente guère la polémique, sa légitimité étant reconnue par l'ensemble des formations politiques du Congrès. (Note pour ceux qui auraient la critique facile : Trump n'a pu s'empêcher de déclarer que si quelqu'un osait contester son choix, il "userait de l'arme nucléaire" pour le désintégrer proprement.)
Bilan de tout ce qui précède : Wall Street finit quasi inchangé. Le Nasdaq gagne bien 0,5% mais 80% de cette hausse s'explique par l'envolée de +7,5% d'Apple (NASDAQ:AAPL) qui, à 130,5$ revient à 3% de son record absolu (134,5$, le 28/04/2015). Sans Apple, Wall Street aurait clôturé marginalement dans le rouge... et tout le monde écrira de toute façon que ce fut une séance de transition.
Fin de l'histoire ?
Non. Pas "fin de l'histoire", loin de là.
Ne succombez pas à la tentation simpliste
Les marchés obligataires s'enflamment, comme je l'écris depuis plusieurs séances, et personne n'en parle.
Les rendements des OAT et des Bonos espagnols dont le spread avec le Bund allemand s'est creusé à +65 Pdb et +125 points de base s'envolent. Il est important de mentionner la forte dégradation de la dette souveraine espagnole car sinon, il serait tentant de relier la chute des OAT à la très sensible chute de F. Fillon et à toute l'incertitude politique que son retrait de la campagne présidentielle pourrait impliquer. Et nombreux sont les commentateurs qui ont succombé à la tentation.
Mais les gérants actions ont ignoré la flambée des rendements (1,125% pour nos OAT) et ont même poussé le CAC40 au-delà des 4 820 points au moment même où les taux longs culminaient au-delà des 1,10%.
Vous y comprenez quelque chose ?
Nous pas. Et c'est pourquoi nous pensons que notre scénario de l'arrimage du CAC40 au DAX30 fait sens. Sans signal baissier de Francfort, pas d'amorce de correction qui tienne.
Et nous poursuivons notre voyage au bout de l'ennui.