Bonjour à toutes et à tous,
Avec une inflation coeur en hausse d’un mois sur l’autre pour se situer à 2,4 % annuel aux Etats-Unis il semblerait acquis, si nous étions dans un monde conventionnel, de nous attendre à une trajectoire de hausse des taux directeurs américains pour les mois à venir.
Si à cela nous y ajoutons la robustesse des récents chiffres de l’économie américaine, à savoir un taux de chômage à 3,7 % c’est-à-dire bien davantage qu’au plein emploi et avec en prime un taux de participation à plus de 60 % et en hausse, sans compter une croissance du PIB qui au T2 se maintient plus qu’honorablement à un rythme annuel de 2 %, nous devrions ne plus avoir de doutes quant à la trajectoire haussière des taux directeurs US.
Que nenni, bien que cela pourrait sembler plus qu’assez pour les observateurs se situant sur le vieux continent, notamment vu de France où malgré la méthode coué discourant à l’envie sur la formidable période de réindustrialisation censée booster notre hexagone tandis que la réalité du terrain montre un pays où l’on se congratule mutuellement lorsque le taux de chômage atteint un seuil exceptionnellement bas à... 8,5 % et où l’on annonce une croissance annuelle du PIB qui décoiffe... à 1,1 %... Ainsi va la relativité entre les continents. Pourtant l’excuse d’une échelle différente, à l’instar de celle régissant les températures où un 77 à New York équivaudrait à un 25 à Paris puisque l’un indiquerait des Fahrenheit tandis que l’autre annoncerait des Celsius, ne fonctionne pas en économie puisque un Taux de Chômage ou une croissance du PIB s’expriment sur la même échelle, notamment au sein de l’OCDE.
Pour un tempérament de gestionnaire les chiffres US sont donc plus que généreux, et travailler à ne rien changer serait la voie de facilité qu’auraient emprunté nombre d’exécutifs s’ils étaient en place dans le bureau ovale. Cependant dans ce bureau il y a sur le fond, en lieu et place d’un tempérament de gestionnaire davantage un tempérament de contestataire, certains diront un tempérament de combattant. Et bien que la forme soit très particulière voire finalement elle-même contestable également, le but reste de faire progresser son entité afin de ne pas se laisser dépasser par l’entité concurrente. Sur le fond « Make america great again » via la « Trade War » qui sévit permet de désigner l’ennemi, voire les ennemis, commun(s), de se rassembler autour de cette idée et de pousser ses pions sur la toile de fond.
Mais ces gages donnés pour le long-terme à son électorat peut également le desservir à court-terme, c’est ce que l’érosion de la confiance des directeurs d’achats américains montre via les derniers chiffres ISM US publiés. Ainsi les diverses et récentes escalades de la Trade War tendent à renforcer le ralentissement de l’économie mondiale, une fin de cycle haussier qui dure déjà depuis une décennie, une des périodes les plus longues de l’ère moderne, et qui ne demande donc qu’à repartir à la baisse.
Cependant il reste des intérêts supérieurs qui ne doivent être remis en cause par les vents contraires de l’économie et il devient impératif que tout reste contenu encore un peu plus d’une année, au moins jusqu’au 3 Novembre 2020, date de la prochaine élection américaine.
Les récents tressaillements sur le Repo, les ISM qui se dégradent, le cycle qui se retourne, tout comme en 2007, renforce les craintes du marché qui réagit par des séances rouges, voire des séquences bearish, de plus en plus rapprochées et violentes. Au bord de l’explosion le marché est tiraillé entre la réalité, c’est-à-dire capituler, et rester dopé, notamment par la FED qui continuera à baisser ses taux et à agir en soutien du marché.
Tout l’enjeu pour Donald Trump est de conserver la séquence dans le bon ordre, à savoir rester dopé encore une année, au moins une année, puis libérer le marché pour le laisser enfin capituler, retour à la réalité...
S’il est toujours difficile de prévoir avec précision la date de la prochaine grande crise, il est à ce jour possible d’envisager une date jusqu’à laquelle ce krach à venir ne devrait donc pas avoir lieu, et il s’agit bien évidemment du 3 Novembre 2020.
Les indices devraient donc connaître encore moultes remous certes, comme autant de points d’entrées pour d’opportunes interventions à l’achat sur replis, tout en continuant une tentative de progression pouvant les emmener vers des plus hauts significatifs, comme un CAC40 dépassant les 6 000, voire des records absolus comme un Dow-Jones à 30 000, d’ici Novembre 2020 !
Ensuite le moment sera venu de se préparer au big short...
Bons trades.
Benoit Fernandez-Riou