Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Regain de tensions géopolitiques, ralentissement de l’économie mondiale, coronavirus : rien n’y fait ! Les marchés financiers semblent insensibles à la moindre mauvaise nouvelle, comme s’ils pensaient que les banques centrales allaient être ad vitam aeternam à la manœuvre. Révélateur de ce constat est le comportement du CAC40, qui a engrangé 3,85% la semaine dernière par-delà l’aggravation de l’épidémie de coronavirus, lequel a déjà fait (officiellement) plus de 1 000 morts et contaminé 42 500 personnes dans le monde.
Etant donné le poids économique de la Chine, qui pèse à elle seule quelque 18% du PIB mondial, soit dix points de plus que lors du précédent Sras en 2002/2003, on peut se demander si les investisseurs ne sont pas devenus fous.
Avec « seulement » 3% de décès, il semblerait toutefois que ce coronavirus version 2020 soit moins meurtrier que son prédécesseur. De même, les spécialistes jugent la probabilité de trouver un vaccin élevée et on peut penser que les 156 Mds€ injectés par la PBOC dans le système financier chinois seront suffisants pour soutenir l’économie de l’Empire du Milieu.
La hausse de 6% du PIB au premier trimestre sera certainement difficile à « chercher », mais il ne sera pas dit que Pékin sera resté les bras ballants.
Pour autant, la contribution de la croissance chinoise à celle de l’économie mondiale a atteint 40% sur les trois dernières années, ce qui donne une idée de l’hyperdépendance de cette dernière, et la consommation, qui pèse plus de 60% du PIB du pays, est aujourd’hui à l’arrêt.
Excès d’optimisme ?
Les sociétés occidentales contraintes de stopper leurs activités dans l’Empire du Milieu sont légion. Mon confrère Gilles Leclerc évoquait hier dans ces colonnes les cas d’Apple (NASDAQ:AAPL), qui commence à rencontrer des difficultés d’approvisionnement, les usines de son partenaire Foxconn (TW:2354) ne fonctionnant pas, et prolongera la fermeture de ses 42 Apple Store chinois jusqu’à vendredi ; et de Tesla (NASDAQ:TSLA), contrainte de fermer son usine en Chine et qui anticipe de facto de nombreux reports de livraisons. De son côté, Nike (NYSE:NKE) a dû se résoudre à interrompre l’activité de la moitié de ses magasins en Chine, à Hong Kong et à Macao. Même décision pour Starbucks (NASDAQ:SBUX), qui a fermé plus de 2 000 cafés en Chine continentale, son deuxième marché le plus important, et a d’ores fait savoir que ces arrêts forcés affecteront sensiblement ses comptes 2020.
Il est inévitable que ces mesures auront des répercussions microéconomiques, avec des résultats dégradés au premier trimestre pour un certain nombre d’entreprises américaines.
Certains Cassandre rétorqueront sans doute que l’économie américaine reste dans une bonne dynamique, comme en ont encore témoigné les créations de 225 000 emplois dans le secteur privé en janvier (60 000 de plus qu’attendu par les économistes) et un indice ISM manufacturier à 50,9 points ce même mois, au-dessus du seuil des 50 qui sépare contraction et expansion de l’activité pour la première fois depuis juillet dernier. Pour l’instant, l’économie américaine est partie pour être sur un trend de croissance de 2%, mais là encore on peut craindre que les investisseurs pèchent par excès d’optimisme…
La période actuelle suppose quoi qu’il en soit un regain de vigilance, quitte à garder un montant élevé de cash dans ses portefeuilles et/ou à investir en or, comme je le préconise dans ma lettre MicroCaps Fortune, dans laquelle mes abonnés sont positionnés sur de petites valeurs aurifères et autres certificats liés aux matières premières avec de jolies plus-values à la clef.
Les plus téméraires peuvent également prendre quelques positions baissières via par exemple le BX4, le tracker bear qui réplique deux fois la performance du CAC40.