Après un petit coup de mou la veille, puis le jour des 4 sorcières (vendredi dernier), Wall Street se rattrapait dès l’ouverture hier, lundi 19 septembre, jour qui entame techniquement le dernier trimestre pour une majorité de gérants actions.
Ceux qui avaient misé sur le Nasdaq au soir du 17 juin (précédente échéance trimestrielle) ne l’ont pas regretté pas puisqu’ils ont engrangé +9,2% en 3 mois – malgré le Brexit.
Si nos comptes sont bons, le Nasdaq a repris la bagatelle de +14% depuis son plancher des 4 574 points du 27 juin… contre à peine +2,5% sur le Dow Jones et de +3% sur le S&P 500. Tiens ! Voilà une bien singulière surperformance du Nasdaq avec un ratio ébouriffant de 1 à 3 (voire 3,5) : il faut remonter aux années 1998/99 pour observer une telle surperformance du Nasdaq.
Beaucoup d’observateurs ont souligné le ramassage soutenu dont ont bénéficié Alphabet (ex-Google), Amazon (NASDAQ:AMZN), Facebook… mais Apple (NASDAQ:AAPL), le dernier des GAFA, restait manifestement à la traîne.
Heureusement, l’heure de la revanche a sonné le 12 septembre : le titre Apple a repris +12% en 4 séances. Mais la pseudo pénurie d’iPhone 7 justifiait-elle une explosion de +64 Mds$ de la capitalisation d’Apple ?
Cette pénurie, invoquée par de nombreux acheteurs courant après le papier, fut en réalité une légende urbaine démentie par l’absence des fameuses queues interminables de fans.
A Paris, devant le vaisseau amiral de la boutique Opéra (à 100 mètre de nos bureaux), une poignée d’irréductibles faisaient bien le pied de grue devant le magasin avant son ouverture le jour J… Mais le personnel de sécurité était plus nombreux que les clients et les barrières labyrinthes sensées canaliser la foule étaient purement décoratives – et d’aucune utilité.
L’anecdote de la fausse pénurie faisant flamber Apple, le fait que le titre ait servi de levier pour propulser Wall Street vers ses sommets et le Nasdaq qui égalait ce lundi son record absolu peu après l’ouverture (à 5 280 pts)… tout démontre que nous vivons dans un monde d’artifices, de panurgisme, de poudre aux yeux.
Et ce ne sont pas les spécialistes des marchés actions qui sont le plus à blâmer. La Fed encourage le fonctionnement cyclothymique des marchés par la multiplication de déclarations manipulatoires, suivies de mises au point qui ramènent les anticipations monétaires à leur état initial.
La Fed ne modifiera pas ses taux mercredi mais devrait « durcir le ton » si elle tient compte de la récente accélération des chiffres de l’inflation aux Etats-Unis (+0,2% par rapport au mois de juillet et +2,3% hors énergie selon les chiffres publiés vendredi).
Mais rassurez-vous : la Fed ne fera rien avant les présidentielles américaines mais ce qu’elle décidera ensuite pourrait bien ne pas résulter des seules données économiques dont elle aura pris connaissance d’ici le 15 décembre prochain.
Elle profitera de la conférence de presse de demain (le 21 septembre) pour faire part de ses intentions pour la fin 2016 et l’année 2017… Et cela ne l’engagera à rien puisqu’elle pourra se retrancher ensuite derrière des « circonstances politiques inattendues ».
Apple et les déclarations de la Fed illustrent à merveille la fragilité de la justification de mouvements boursiers qui rajoutent ou effacent en quelques heures des centaines de milliards de capitalisation boursière.
Si les embardées des cours reflétaient des faits très concrets, nous ne pourrions que nous étonner du niveau de volatilité qui en résulte et attirer votre attention sur l’étroitesse des volumes.
Mais depuis le Brexit, l’interventionnisme des banques centrales donne le tournis, les petites phrases se succèdent pour détourner l’attention des investisseurs d’une dégradation conjoncturelle globale et planétaire, et il faut propager des légendes urbaines fantastiques pour stimuler l’imagination et l’appétit des investisseurs… qui réagissent finalement de moins en moins.