Reuters
Publié le 04/12/2022 12:42
Mis à jour le 04/12/2022 16:50
DUBAI (Reuters) - Le procureur général iranien a annoncé dimanche que la police des moeurs, à l'origine de l'arrestation de Mahsa Amini, jeune kurde iranienne dont la mort a provoqué une vague de manifestations sans précédent dans le pays, était abolie.
Le ministère de l'Intérieur n'a toutefois pas confirmé cette information. Les médias d'Etat ont précisé que le procureur général, Mohammad Jafar Montazeri, ne supervisait pas les forces de police.
De hauts responsables iraniens ont déclaré à plusieurs reprises que Téhéran ne modifierait pas sa politique vestimentaire concernant les femmes, qui impose le port du voile, malgré onze semaines de manifestations.
Des centaines de personnes ont été tuées depuis le mois de septembre dans des affrontements avec les forces de l'ordre qui ont éclaté après la mort en détention de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour avoir porté un voile non réglementaire. Il s'agit de la plus importante vague de contestation depuis la révolution islamique de 1979 en Iran.
Des manifestants ont appelé à trois jours de grève et à une mobilisation sur la place Azadi, à Téhéran, mercredi, selon des publications publiées sur Twitter (NYSE:TWTR).
Le président iranien, Ebrahim Raisi, doit s'adresser aux étudiants à Téhéran le même jour pour marquer la Journée des étudiants en Iran.
470 MORTS, SELON UNE ASSOCIATION
L'agence de presse militante HRANA a déclaré que 470 manifestants avaient été tués dans ces affrontements, dont 64 mineurs. Elle a ajouté que 18.210 manifestants avaient été arrêtés et que 61 policiers avaient été tués.
Les autorités font plutôt état d'un bilan de 200 morts, selon l'agence de presse Mizan.
Certains Iraniens disent sur les réseaux sociaux et dans certains journaux apercevoir moins souvent d'officiers de la police des moeurs ces dernières semaines, les autorités cherchant apparemment à éviter de provoquer de nouveaux heurts.
Les propos de Mohammad Jafar Montazeri concernant la dissolution de cette brigade ont été publiés par une agence de presse appartenant au ministère du Travail iranien.
"L'autorité qui a créé la police des moeurs l'a fermée", aurait-il déclaré. Il a ajouté que cette brigade n'était pas sous l'autorité du pouvoir judiciaire, qui "continue de surveiller les comportements des Iraniens au niveau de la communauté."
Selon la chaine de télévision d'Etat Al Alam, les propos du procureur général ne disent pas clairement que cette section va être dissoute.
EXÉCUTIONS
Quatre personnes accusées d'avoir coopéré avec l'agence de renseignement israélienne Mossad ont par ailleurs été exécutées dimanche, a rapporté un média d'Etat.
Ils avaient été arrêtés en juin, avant la vague de contestation actuelle, selon l'agence de presse Tasnim.
La République islamique accuse régulièrement Israël de mener des opérations secrètes sur son sol. Téhéran estime d'ailleurs que les services de renseignement israéliens et occidentaux sont à l'origine des derniers évènements.
Mercredi, l'agence de presse Mehr a déclaré que les quatre hommes avaient été condamnés à mort "pour avoir coopéré avec les services de renseignement du régime sioniste et pour enlèvement".
Trois autres personnes ont été condamnées à des peines de prison allant de cinq à dix ans après avoir été reconnues coupables de crimes tels que l'atteinte à la sécurité nationale, l'aide à l'enlèvement et la possession d'armes illégales.
(Reportage par Dubai Newsroom, version française Caroline Pailliez)
Auteur:: Reuters
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