Philippe présente les réformes de l'"acte II" en invoquant l'urgence

Reuters

Publié le 12/06/2019 19:22

Philippe présente les réformes de l'"acte II" en invoquant l'urgence

PARIS (Reuters) - Edouard Philippe a annoncé mercredi des arbitrages controversés sur l'assurance chômage et les retraites, l'examen en septembre du texte ouvrant la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes et s'est dit prêt à reporter la réforme constitutionnelle à 2020.

Le Premier ministre a prononcé son second discours de politique générale en position de relative force, la crise des "Gilets jaunes" semblant s'éteindre et les européennes s'étant accompagnées d'un rebond de la confiance dans l'exécutif.

A l'issue du débat, l'Assemblée nationale a voté la confiance à son gouvernement par 363 voix contre 163.

"Voilà deux ans maintenant que nous gouvernons et il y a toujours urgence", a dit le chef du gouvernement devant les députés, évoquant l'"urgence économique", l'"urgence sociale" et l'"urgence écologique", face auxquelles le "vieux clivage" gauche-droite serait selon lui inopérant.

"C'est l''acte II' du quinquennat. Une nouvelle étape qui marque une césure, à travers un profond changement de méthode, mais qui va de pair avec deux impératifs : la constance et la cohérence", a-t-il ajouté. "Notre pays a besoin de se transformer. Notre ennemi, ce n'est pas le mouvement, c'est le statu quo."

Edouard Philippe a annoncé que les petits contribuables seraient les grands bénéficiaires de la baisse de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu promise par Emmanuel Macron. (voir ENCADRÉ)

Pour les 12 millions de foyers de la première tranche, l'impôt sera réduit d'un tiers en moyenne à partir de l'an prochain, soit 350 euros, et de 180 euros pour les cinq millions de foyers de la seconde tranche, a-t-il dit.

Cette baisse sera notamment financée par une révision de niches fiscales antiécologiques, concentrées sur les très grandes entreprises ou réduisant des droits sociaux, qui sera présentée en juillet.

Edouard Philippe a en outre confirmé que la taxe d’habitation serait supprimée pour tous les Français, avec une disparition sur trois ans pour les 20% qui ne sont pas encore concernés.

ARBITRAGES CONTROVERSÉS

La modification des règles de l'assurance chômage présentée mardi créera un bonus-malus pour limiter le recours aux contrats courts dans les cinq à dix secteurs qui les utilisent le plus, une mesure rejetée par le patronat. Une autre mesure sera prise pour limiter les CDD "d'usage", particulièrement flexibles.

Une dégressivité des allocations de ceux dont les salaires sont les plus élevés sera décidée, a ajouté Edouard Philippe, allant cette fois contre le souhait de l'ensemble des syndicats.

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Sur les retraites, l’autre délicate grande réforme sociale, le Premier ministre a confirmé le maintien de l’âge légal à 62 ans "mais nous définirons un âge d’équilibre et des incitations à travailler plus longtemps. Ainsi, chacun pourra faire son choix, en liberté et en responsabilité".

Il a annoncé dans le même temps qu'un grand plan pour l'emploi des seniors serait lancé.

Le chef du gouvernement a ouvert son discours par la défense de l'environnement, en promettant que "ces douze prochains mois seront ceux de l’accélération écologique".

"Nous remettrons totalement à plat les aides à la rénovation énergétique", en transformant en particulier le crédit d’impôt de transition énergétique en "une aide plus massive, versée en faveur de ceux qui en ont le plus besoin", a-t-il dit.

Il a en outre invité les députés à proposer des solutions pour venir à bout des logements "passoires thermiques", en mobilisant des financements publics et privés, et fixé des objectifs élevés sur la lutte contre le gaspillage et l'utilisation du plastique.

Face à l'opposition persistante de la droite sénatoriale, majoritaire, en particulier sur la réduction du nombre de parlementaires, Edouard Philippe a ouvert la porte à un report de la réforme constitutionnelle souhaitée par Emmanuel Macron.

"Nous ne mobiliserons pas du temps parlementaire pour in fine constater le désaccord du Sénat", a-t-il dit.

"Nous attendrons le moment propice et la manifestation de volonté du Sénat, qui peut-être ne viendra qu’après le renouvellement de la Haute Chambre en 2020", a-t-il poursuivi. "Nous pouvons aussi voter seulement la proportionnelle à l’Assemblée, sans changer le nombre de députés. Et le président de la République a la faculté d’interroger directement les Français sur la réduction du nombre de parlementaires."