Macron va recevoir des agriculteurs inquiets

Reuters

Publié le 16/02/2018 16:04

Macron va recevoir des agriculteurs inquiets

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron recevra jeudi un millier de jeunes agriculteurs à l'Elysée, deux jours avant l'ouverture du Salon de l'agriculture qui se tient sur fond d'inquiétudes persistantes, malgré les engagements pris par le chef de l'Etat en matière de "juste rémunération" et d'accompagnement financier.

Cette "réception de la nouvelle génération agricole" va réunir des agriculteurs de moins de 35 ans, installés en 2017 et "représentatifs de toutes les productions et de toutes les régions", souligne-t-on dans l'entourage du chef de l'Etat.

"A deux jours du salon, il s'agit d'envoyer un signal fort : montrer que l'agriculture fait partie des priorités du président", ajoute-t-on. Le chef de l'Etat appellera à cette occasion la "génération Y" de l'agriculture à "porter l'ambition de faire de la France le pays où on mange le plus sainement".

Cette rencontre sera également l'occasion pour Emmanuel Macron de déminer une visite potentiellement sensible au Salon de l'agriculture samedi, à l'heure où l'inquiétude des éleveurs reste vive malgré les assurances ces derniers mois.

Au coeur des préoccupations, les relations avec la grande distribution - qui ont fait l'objet d'un projet de loi censé mettre un terme à la guerre des prix - la sortie programmée et progressive du glyphosate, le plan loup, et les traités de libre-échange comme le CETA ou le Mercosur.

Le projet de réforme de la politique agricole commune (PAC) pour la période 2020-2027, qui prévoit de donner un "plus grand degré de subsidiarité aux Etats", est également perçu comme un moyen "non avoué de réduire les dépenses au niveau européen."

CRISPATIONS

Dernier sujet de crispation en date, la modification de la carte des "zones défavorisées".

Cette carte, qui date de 1976, détermine le versement de l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) hors montagne, qui permet de compléter les revenus des agriculteurs dont l'exploitation se situe dans une zone où les conditions naturelles sont difficiles.

Sa refonte, appelée à entrer en vigueur en 2019, répond à une demande de l'UE qui a appelé ses Etats membres à revoir les critères de définition des zones soumises à contraintes afin de parvenir à des découpages plus homogènes d'un pays à l'autre.

La nouvelle carte, qui devait être présentée initialement cette semaine, ne sera finalement dévoilée par le gouvernement d'Edouard Philippe qu'après validation par la Commission européenne. Bruxelles a souhaité recevoir la copie des Etats membres le 1er mars, précise-t-on à Paris.

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Selon le projet de carte proposé le 9 février par le ministère, le nombre de bénéficiaires de l'ICHN passe d'environ 52.500 aujourd'hui à près de 60.000 au 1er janvier 2019, soit une augmentation de 13%. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a lui fait état cette semaine d'environ 5.000 sortants pour 10.000 entrants.

Pour les territoires "sortants", Emmanuel Macron a assuré fin janvier lors des ses voeux au monde agricole que des mesures d’accompagnement seraient prises pendant deux ans.

RECORD AU SALON?

Malgré ces assurances, les agriculteurs ne désarment pas et ont poursuivi cette semaine leur action coup-de-poing, notamment avec des barrages filtrants.

La rencontre de jeudi à l'Elysée n'est pas sans rappeler la méthode utilisée avec les maires de France en novembre quelques jours avant leur congrès annuel. Un millier d'édiles avaient été invités à dîner à l'Elysée dans un contexte de tensions autour des décisions budgétaires du gouvernement.

Le chef de l'Etat, qui s'est engagé depuis le début de son quinquennat à ce que les agriculteurs puissent vivre de leur travail, a prévu de passer la journée dans les allées du salon de l'agriculture et pourrait, selon franceinfo, battre le record détenu à ce jour par François Hollande - 10 heures.

"L'idée c'est ne pas de battre un record", indique-t-on à l'Elysée, "mais de rencontrer les filières, notamment celles qui sont confrontées à des difficultés".

Lors de sa dernière visite au salon, en pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait reçu un oeuf sur la tête, un incident qu'il avait qualifié de "folklore" avant de se féliciter de "l'accueil chaleureux reçu par ailleurs".