L'ASN pointe un risque d'incendie au site d'enfouissage de Bure

Reuters

Publié le 15/01/2018 13:14

L'ASN pointe un risque d'incendie au site d'enfouissage de Bure

PARIS (Reuters) - L’Autorité de sûreté nucléaire (ANS) estime que le futur centre d’enfouissement de déchets radioactifs de Bure, dans la Meuse, ne pourra pas, en l’état, stocker certains déchets prévus en raison d’un risque d’incendie.

Le gendarme du nucléaire reprend dans un avis publié lundi les conclusions rendues en juillet par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qu’il avait sollicité, pour inviter l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) à trouver une alternative pour ces déchets conditionnés dans des emballages bitumineux.

"Sur ce point, l’Andra doit revoir sa copie. Si ce sujet n’est pas traité de manière satisfaisante, le stockage de ces déchets ne sera pas autorisé par l’ASN", affirme son président, Pierre-Franck Chevet, dans une interview publiée par Le Monde.

Ces déchets, qui se présentent sous forme de boues radioactives conditionnées dans des matrices en bitume - actuellement entreposées à Marcoule (Gard) et à la Hague (Manche), peuvent, par réaction chimique, monter en température.

"Avec, en cas de départ de feu, le risque d’un emballement thermique propageant l’incendie dans les alvéoles souterraines de stockage".

Un peu plus de 40.000 colis sont concernés, soit 18% des conteneurs destinés au futur Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) qui devrait stocker les déchets les plus radioactifs des installations nucléaires françaises dans des couches argileuses situés à 500 mètres de profondeur.

PHASE PILOTE EN 2027 ?

Le président de l’ASN estime que le problème pourrait être résolu par un reconditionnement des colis par les producteurs de déchets - le CEA, Areva (PA:AREVA), EDF (PA:EDF) - ou par un confinement des zones de stockage de ces produits instables qui interdise la propagation d’un éventuel incendie.

Plus globalement, l'ASN estime néanmoins que le futur centre, dont la mise en service est prévue en 2026 ou 2027, a atteint "dans son ensemble une maturité technique satisfaisante au stade du dossier d’options de sûreté".

Le "dossier d’option de sûreté" présenté par l’Andra, en préalable à une prochaine demande d’autorisation de création, que l’Agence envisage de déposer en 2019, est qualifié de "très bon" par Pierre-Franck Chevet.

L’ASN reprend toutefois d’autres remarques de l’IRSN pour demander une "optimisation" de l’architecture du centre afin d’éviter toute fuite de radionucléides dans l’environnement ainsi qu’une amélioration des moyens de surveillance et d’intervention.

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L’Andra prend acte, dans un communiqué, de l’avis "positif" de l’ASN et des remarques, notamment sur les déchets bitumés.

"L’Andra et les producteurs de déchets radioactifs vont travailler sur (les) différentes options", affirme l’Agence qui espère pouvoir obtenir une autorisation d’ici 2022 et lancer le chantier auquel le gouvernement a fixé un objectif de coût de 25 milliards d'euros.

L’activité pourrait débuter en phase pilote en 2027 et passer à la phase industrielle cinq ans plus tard.