Le futur porte-avions français sera doté de la propulsion nucléaire, annonce Macron

Reuters

Publié le 08/12/2020 17:46

Mis à jour le 08/12/2020 19:05

par Tangi Salaün

PARIS (Reuters) - Le futur porte-avions français, qui doit succéder au Charles de Gaulle en 2038, sera doté de la propulsion nucléaire, a annoncé mardi Emmanuel Macron.

Composante essentielle de la dissuasion nucléaire française, le porte-avions de nouvelle génération sera une fois et demi plus lourd que le Charles de Gaulle, dit-on au ministère des Armées, ce qui explique en partie le recours à la propulsion nucléaire qui n'était pas au départ l'option privilégiée.

Lors d'un discours sur la filière nucléaire prononcé mardi dans une usine de Framatome au Creusot (Saône-et-Loire), Emmanuel Macron a aussi insisté sur la continuité entre nucléaire civil et militaire, et sur la nécessité pour la France de conserver une industrie compétitive dans ce domaine pour tenir son rang. [L8N2IO4U1]

"Notre avenir stratégique, notre statut de grande puissance passe par la filière nucléaire", a-t-il déclaré.

"Opposer nucléaire civil et nucléaire militaire n'a pas de sens pour un pays comme le nôtre (...) Le nucléaire restera la pierre angulaire de notre autonomie stratégique", a poursuivi le chef de l'Etat.

La France va investir un milliard d'euros dans la phase de développement du nouveau porte-avions jusqu'en 2025, avant que ne débute la construction dans les chantiers navals de Saint-Nazaire, où seront créés 400 des 2.000 emplois attendus, précise-t-on au ministère des Armées.

"C'est une très grande fierté pour Naval Group de se lancer dans la construction du plus grand navire de combat que la France aura jamais construit", a réagi le PDG de Naval Group, Pierre Eric Pommelet, dans un communiqué.

Le cabinet de la ministre Florence Parly n'a pas souhaité commenter le chiffre d'un coût total de 5 à 7 milliards d'euros avancé dans la presse. Le dernier porte-avions construit par un pays occidental, le britannique Queen Elizabeth, a coûté environ 3,3 milliards d'euros.

Le surcoût généré par le choix du nucléaire sera compensé par les économies réalisées sur la durée de vie du navire, évaluée à une quarantaine d'années, dit-on au ministère des Armées, où on met en avant une autonomie et une disponibilité accrue du futur porte-avions.

INSTRUMENT DE SOUVERAINETÉ

Avec un poids estimé de 75.000 tonnes et une longueur de 300 mètres, le porte-avions de nouvelle génération sera plus gros que le Queen Elizabeth et que le Charles de Gaulle (42.500 tonnes pour 262 m de long), fleuron de la Marine nationale depuis 2001.

Une propulsion classique a longtemps été privilégiée pour le nouveau bâtiment, selon des sources proches du dossier, mais le ministère des Armées a finalement estimé que l'énergie nucléaire était la plus appropriée pour le propulser à une vitesse de 27 noeuds (50 km/h), similaire à celle du Charles-de-Gaulle.

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Le maintien d'une filière nucléaire française compétitive et l'affirmation de la souveraineté politique de la France face aux autres grandes puissances que sont les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde ou le Royaume-Uni ont également été des facteurs déterminants, ajoute-t-on au cabinet.

Le navire sera équipé de deux catapultes électromagnétiques de nouvelle génération conçues par la société américaine General Atomics. Il pourra accueillir 30 avions de chasse comme le SCAF actuellement développé par la France, l'Allemagne et l'Espagne, un appareil plus lourd que le Rafale de Dassault qu'il est appelé à remplacer à l'horizon 2040.

Le porte-avions est avec les sous-marins lanceurs d'engins équipés de missiles balistiques une composante essentielle de la dissuasion nucléaire française.