La droite entame sa difficile reconstruction

Reuters

Publié le 31/08/2019 18:32

La droite entame sa difficile reconstruction

PARIS (Reuters) - Les Républicains, qui effectuent une rentrée politique clairsemée, se sont efforcés samedi de conjurer la menace d'un effacement durable après la débâcle des européennes, appelant au rassemblement autour d'un projet qui reste à écrire.

"Nous sommes toujours vivants!", a lancé le président par intérim de LR, Jean Leonetti, à son arrivée aux Universités d'été des Républicains à La Baule (Loire-Atlantique), boudés par de nombreux ténors.

Et d'ajouter à la tribune : "Si nous devions émettre un bulletin de santé de notre mouvement, je dirais sans doute, sans être contredit, 'en convalescence' avec un léger mieux."

"Nous devons avec lucidité et sérénité, et sans remettre en cause les personnes, accepter l'idée que sur la forme et sur le fond nous avons commis des erreurs, et en tirer les enseignements", a-t-il dit.

Devant une assemblée peu nombreuse, quelque 300 personnes, le président du Sénat Gérard Larcher a vigoureusement appelé au sursaut. "Jamais, jamais je n'accepterai la disparition de nos familles de pensées", a-t-il déclaré lors d'un discours.

"Nous sommes les enfants de la Ve République, et pour le gaulliste que je suis, renoncer n'est pas dans nos gènes", a-t-il souligné. "Nous ne gagnerons que si nous sommes rassemblés et autour d'un projet, sinon nous disparaîtrons", a-t-il lancé.

Les trois candidats à l'élection à la présidence de LR, qui se déroulera les 12 et 13 octobre prochains (19-20 octobre en cas de second tour) se sont succédé, Christian Jacob, le favori, affichant sa confiance malgré les sécessions, les rapprochements d'élus avec La République en marche, la désaffection des militants et la prééminence à la droite de LR du Rassemblement national.

"L'important c'est que les militants soient là. Détendez-vous, la vie est belle!", a plaisanté devant des journalistes le chef de file des députés LR. "En matière de divisions, j'ose espérer qu'on a coché toutes les cases et qu'on est à jour", a-t-il poursuivi ensuite à la tribune.

LA TENTATION LAREM

Lors de leurs interventions, ses rivaux, le député souverainiste Julien Aubert et le député "national-libéral" Guillaume Larrivé, ont notamment dénoncé les ralliements d'élus locaux de la droite et du centre à LaRem dans la perspective des élections municipales de 2020, par lesquelles LR, fort d'un important maillage territorial, compte se refaire une santé.

"Je ne suis pas de ceux qui veulent embrasser sur la bouche LaRem aux municipales", a ainsi dit Julien Aubert. Guillaume Larrivé a dénoncé ceux qui "essayent de dragouiller En Marche".

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A leur suite, Christian Jacob a réaffirmé s'opposer "sans aucune ambiguïté" à toute alliance avec le parti majoritaire.

Le maire d'Angers, Christophe Béchu, a réuni vendredi à huis clos une trentaine de maires de la droite et du centre dans le cadre de "La République des maires", une association pro-Macron en vue des municipales.

"Déserter quand ça va mal n'est pas dans notre construction", a mis en garde Gérard Larcher à La Baule.

Le président du Sénat effectue un tour de France, au fil de conventions thématiques, avec l'ambition de reconstruire un projet d'alternance en vue de l'élection présidentielle de 2022.

Il s'était adressé samedi matin, via un message vidéo, à la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, qui a décidé de quitter le parti au lendemain de la défaite des européennes du 26 mai (8,48%) et réunissait à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) ses soutiens au sein du mouvement "Libres!".

PÉCRESSE APPELLE LA DROITE À SE RÉVEILLER

"Je crois que nous avons encore une histoire et un espace politique commun à reconstruire", a-t-il déclaré. "Nous allons avoir besoin de toutes ces idées et de tous ces talents."

Valérie Pécresse a défendu son choix de rompre avec le parti.

"Si la droite ne se réveille pas, pour incarner une alternative crédible aux yeux des Français, j’ai la conviction que Marine Le Pen arrivera un jour au pouvoir. Et cela je ne m’y résous pas", a-t-elle plaidé lors d'un discours.

"Oui nous avons un espace politique. (...) La faute de la droite depuis trois ans, c’est de ne pas s’être renouvelée au même rythme que le pays", a-t-elle poursuivi, visant l'ex-président de LR Laurent Wauquiez, qui a démissionné au lendemain des européennes. "Nous devons rénover notre logiciel de pensée."