Kagamé sur le rôle de la France au Rwanda: "Le temps est venu de pardonner"

Reuters

Publié le 17/05/2021 19:23

PARIS (Reuters) - Le président rwandais Paul Kagamé a une nouvelle fois qualifié lundi de "grand pas en avant" le récent rapport d'historiens français qui a reconnu les "responsabilités lourdes et accablantes" de Paris dans le génocide des Tutsis, mais pas sa "complicité", ouvrant la porte à une normalisation des relations entre les deux pays.

"C'est un grand pas en avant (...) que nous puissions avoir les faits, la vérité, établis par une commission indépendante. Il y a une convergence sur les faits et les preuves de ce qui s'est passé", a déclaré Paul Kagamé dans une interview accordée à France 24 et RFI à l'occasion de son déplacement à Paris pour le sommet des économies africaines.

"La France et le Rwanda ont désormais une opportunité, une base solide sur laquelle bâtir de bonnes relations. Le reste, nous pouvons le laisser derrière nous, peut-être pas l'oublier, mais le pardonner", a ajouté le président rwandais dans cette interview qui sera diffusée lundi soir.

A la question de savoir s'il souhaite qu'Emmanuel Macron, avec lequel il s'est entretenu lundi et qui est attendu la semaine prochaine à Kigali, présente les excuses officielles de la France, comme l'ont fait la Belgique et les Nations unies, Paul Kagamé a répondu qu'il ne lui appartenait pas de "dire à qui que ce soit de s'excuser".

"Je les laisse décider, c'est le monde qui jugera, pas seulement moi. Est-ce que ce serait un geste important? Je le pense", a dit le chef d'Etat rwandais, tout en répétant qu'il pouvait "se contenter" des conclusions du rapport Duclert publié en mars (), bien qu'il ait lui-même estimé par le passé que la France était "complice" du génocide.

L'ancien chef des rebelles tutsis a également estimé qu'il incombait à Paris de prendre la décision de renvoyer un ambassadeur à Kigali, douze ans après le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.

"Nous sommes sur la voie de la normalisation. J'espère que ça va être le cas", a-t-il dit à propos de la nomination d'un ambassadeur.