EXCLUSIF: L'activité d'enrichissement nucléaire de l'Iran reste élevée, prévient l'AIEA

Reuters

Publié le 19/02/2024 19:44

par Julia Payne

BRUXELLES (Reuters) - L'Iran continue d'enrichir de l'uranium bien au-delà des besoins d'une utilisation nucléaire civile malgré les pressions de l'Onu pour y mettre un terme, a déclaré lundi le chef de l'AIEA, Rafael Grossi.

S'adressant à Reuters après avoir informé les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) à ce sujet, Rafael Grossi a déclaré que, si le rythme de l'enrichissement de l'uranium avait légèrement ralenti depuis la fin de l'année dernière, l'Iran continuait à produire environ sept kilogrammes (kg) par mois d'uranium enrichi à 60%.

Cet uranium hautement enrichi, au seuil proche des 90% requis pour fabriquer une bombe nucléaire, n'est pas nécessaire pour une utilisation à des fins civiles.

Rafael Grossi a dit vouloir se rendre à Téhéran le mois prochain, pour la première fois en un an, pour mettre fin à cette "dérive".

En vertu d'un accord historique signé en 2015 avec les grandes puissances mondiales, l’Iran ne peut enrichir son uranium qu’à 3,67%. Les États-Unis se sont retirés de l’accord en 2018, mais l’Europe, la Chine et la Russie y restent engagées et s’attendent à ce que l’Iran fasse de même, même si les efforts diplomatiques en ce sens ont jusqu’à présent échoué.

Entre juin et novembre de l'année dernière, l'Iran a ralenti sa production d'uranium enrichi à trois kilos par mois, mais est remonté à un taux de neuf kilos à la fin de l'année, avait rapporté précédemment l'AIEA.

"Ce ralentissement, cette accélération est comme un cycle qui, pour moi, ne modifie pas la tendance fondamentale, qui est une tendance à l'augmentation constante des stocks d'uranium hautement enrichi", a déclaré Rafael Grossi.

En fin d'année dernière, l’AIEA a averti que Téhéran disposait déjà de suffisamment de matière pour fabriquer trois bombes nucléaires si l'uranium déjà enrichi à 60% l'était encore plus.