Deuxième nuit sans abri pour des milliers de migrants à Lesbos

Reuters

Publié le 11/09/2020 12:48

par Lefteris Papadimas

LESBOS, Grèce (Reuters) - Des milliers de migrants ont dormi dans les rues ou des champs de l'île grecque de Lesbos pour la deuxième nuit consécutive vendredi, privés de toit depuis la destruction du camp de Moria, réduit en cendres après une série d'incendies.

L'installation, censée enregistrer et trier les demandeurs d'asile et dénoncée régulièrement par les organisations humanitaires en raison de son état d'insalubrité, abritait plus de 12.000 personnes dans l'est de l'île, soit quatre fois plus que sa capacité.

Le gouvernement grec a prévu la fourniture de plusieurs milliers de tentes pour abriter temporairement les migrants et un ferry a accosté au port de Mytilène, la principale ville de Lesbos, afin d'en héberger une partie.

Mais les projets d'Athènes se heurtent à une vive résistance des autorités et de la population locales qui craignent que ces abris temporaires ne se transforment en nouveau camp permanent.

"C'est une occasion tragique de partir pour les migrants (...) Moria est une monstruosité", déclare Dimitris Koursoubas, haut fonctionnaire en charge des migrations pour le nord de la mer Egée. "Nous voulons que tous les migrants partent, pour des raisons nationales. Moria, c'est terminé."

Située à une quinzaine de kilomètres des côtes turques, Lesbos a été l'une des principales portes d'accès à l'Europe lors de la crise migratoire de 2015-2016. La population de l'île, d'abord accueillante, est devenue de plus en plus hostile à mesure que la population de Moria a augmenté.

Depuis l'incendie du camp, des milliers de migrants, dont la plupart viennent d'Afghanistan et de Syrie, dorment au bord de la route ou dans des champs, certains ont passé la nuit dans un cimetière.

"Cela fait deux jours que nous sommes sur la route, sans eau, sans nourriture. Il fait très froid la nuit", témoigne Zohra, une jeune Afghane de 25 ans.

La France et l'Allemagne ont offert jeudi de prendre en charge quelque 400 mineurs non accompagnés, déjà transférés par Athènes sur le continent, a déclaré Angela Merkel. Mais d'autres pays européens comme la Hongrie ou la Pologne excluent toujours catégoriquement d'accueillir des migrants.