Bolsonaro, rentré au Brésil, veut diriger l'opposition de droite

Reuters

Publié le 30/03/2023 19:42

par Anthony Boadle et Ricardo Brito

BRASILIA (Reuters) - L'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro est rentré jeudi au Brésil, après trois mois d'exil aux Etats-Unis, et a été accueilli à l'aéroport de Brasilia par des centaines de partisans scandant "légende", avant de prendre part d'emblée à des réunions avec le Parti libéral auquel il est affilié.

Un membre du gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula a qualifié de "flop" l'arrivée de l'ancien dirigeant, alors que les forces de l'ordre anticipaient un nombre bien plus important de ses partisans à l'aéroport de la capitale. Il a dit y voir le symbole du mauvais leadership de Jair Bolsonaro.

S'il n'a jamais reconnu sa défaite à l'élection présidentielle d'octobre dernier - un scrutin qui a divisé encore davantage le pays -, Jair Bolsonaro a promis de mener l'opposition, accentuant la pression sur l'administration Lula.

Dans une vidéo diffusée en direct depuis le siège du Parti libéral, l'ancien officier de l'armée a déclaré que les conservateurs contrôlaient le Congrès et que le gouvernement minoritaire de Lula ne serait pas en mesure "de faire ce qu'il veut avec l'avenir de notre pays".

Il s'est aussi défendu d'avoir conservé sans les déclarer des bijoux d'une valeur de 3,2 millions de dollars offerts par le roi d'Arabie saoudite, un scandale qui a terni l'image de politicien irréprochable qu'il a toujours voulu renvoyer.

Jair Bolsonaro s'est exilé en Floride deux jours avant la cérémonie d'investiture de Lula le 1er janvier, disant avoir besoin de repos. Ses détracteurs lui ont reproché d'avoir fui le Brésil à cause des nombreux enquêtes judiciaires le visant.

Ces enquêtes portent principalement sur les accusations de défaillances du système de vote formulées sans preuve par Jair Bolsonaro et sur le rôle qu'il aurait joué dans les attaques contre les lieux du pouvoir à Brasilia, dans la foulée de la prise de fonction de Lula, en incitant ses partisans à la révolte.

Il a de nouveau rejeté mercredi toute orchestration de ces troubles, déclarant que les émeutes ont été spontanées et non pas, comme l'assurent ses détracteurs, une manière de mettre la pression sur l'armée pour qu'elle se retourne contre Lula.

Jair Bolsonaro, qui a pour modèle politique l'ancien président américain Donald Trump, a participé plus tôt ce mois-ci à une conférence de conservateurs à Washington lors de laquelle il a mis en doute les résultats de l'élection présidentielle d'octobre, remportée de peu par Lula, et dit que sa mission au Brésil n'était "pas encore terminée".