Accord entre USA et taliban sur le retrait américain d'Afghanistan

Reuters

Publié le 29/02/2020 16:57

Accord entre USA et taliban sur le retrait américain d'Afghanistan

par Abdul Qadir Sediqi et Alexander Cornwell

KABOUL/DOHA (Reuters) - Les Etats-Unis et les taliban afghans ont signé samedi à Doha un accord qui doit ouvrir la voie au retrait des troupes américaines d'Afghanistan et à des négociations de paix entre les insurgés islamistes et le gouvernement de Kaboul.

Cet accord prévoit le retrait complet des contingents américain et de l'Otan dans un délai de 14 mois, à condition que les taliban respectent leurs engagements.

Au cours des 135 prochains jours, les Etats-Unis s'engagent à ramener leurs effectifs de 13.000 hommes actuellement à 8.600.

Les taliban offrent en échange la garantie qu'ils ne permettront pas à des organisations djihadistes comme Al Qaïda d'opérer en Afghanistan.

L'accord, qui fait suite à une trêve partielle d'une semaine sur le terrain, a été paraphé dans la capitale du Qatar par l'émissaire américain pour l'Afghanistan, Zalmay Khalilzad, et le chef politique des taliban, le mollah Abdul Ghani Baradar.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo assistait à la cérémonie.

Les Etats-Unis et le gouvernement afghan s'engagent également à libérer avant le 10 mars jusqu'à 5.000 prisonniers taliban, les insurgés promettant de leur côté de relâcher un millier de détenus.

Le gouvernement américain accepte en outre de retirer d'ici au mois d'août les sanctions visant des responsables taliban.

Le retrait d'Afghanistan du contingent américain est un objectif majeur de politique étrangère de Donald Trump, qui, s'il l'atteint, pourrait y puiser un argument de campagne supplémentaire en vue de sa réélection en novembre prochain.

"Nous oeuvrons enfin à mettre un terme à la plus longue guerre de l'Amérique et à ramener nos troupes à la maison", a déclaré le président américain, cité par la Maison blanche, après la signature.

"CE N'EST QUE LE COMMENCEMENT"

Lors d'un déplacement à Kaboul qui coïncidait avec la cérémonie au Qatar, le secrétaire américain à la Défense Mark Esper a toutefois invité à la prudence.

"C'est un moment d'espoir, mais ce n'est que le commencement. Le chemin devant nous ne sera pas facile. Obtenir une paix durable en Afghanistan exigera de la patience et des compromis de la part de toutes les parties", a-t-il souligné.

Le chef du Pentagone a dévoilé avec le président afghan Ashraf Ghani une déclaration conjointe reprenant l'essentiel des points de l'accord de Doha.

"Nous espérons que l'accord entre les Etats-Unis et les taliban conduira à un cessez-le-feu permanent", a déclaré Ashraf Ghani, dont la réélection confirmée récemment par les autorités est contestée par son rival malheureux à la présidentielle Abdullah Abdullah, qui menace de mettre en place un gouvernement parallèle.

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Outre les Américains, environ 8.500 soldats venus de 37 pays participent sous l'égide de l'Otan à la mission "Resolute Support" de formation, de conseil et d'assistance aux forces afghanes.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, également présent à Kaboul, a promis de réduire l'engagement de l'Otan de 16.000 à 12.000 hommes au cours d'une première phase de retrait.

DIX-HUIT ANS DE GUERRE

La guerre en Afghanistan, qui a fait des dizaines de milliers de morts, a débuté il y a dix-huit ans avec l'intervention américaine consécutive aux attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis revendiqués par Al Qaïda.

Accusant les taliban d'abriter et protéger l'organisation djihadiste et son chef Oussama ben Laden, les Américains et leurs alliés ont chassé en quelques semaines les islamistes qui étaient au pouvoir depuis 1996, mais ces derniers contrôlent toujours aujourd'hui environ 40% du territoire afghan.

Même s'il peut sembler s'agir d'une victoire politique pour Donald Trump, certains experts redoutent que l'accord de samedi offre aux taliban une légitimité internationale.

La mise en oeuvre du texte signé à Doha reste une inconnue pour les prochains mois. Certains analystes soulignent notamment la possibilité que l'accord ne soit pas appliqué par des groupes taliban dissidents, alors que les négociations inter-afghanes s'annoncent également très compliquées.