Une partie de la France reconfinée dans la confusion et la lassitude

Reuters

Publié le 20/03/2021 12:48

Mis à jour le 20/03/2021 18:21

par Bertrand Boucey

PARIS (Reuters) - Près d'un tiers de la population française est entré ce samedi non sans confusion et avec une certaine lassitude dans un nouveau confinement, le troisième en un an, auquel l'exécutif s'est résolu face à l'accélération de l'épidémie due au coronavirus.

Ce confinement de quatre semaines, aux modalités encore différentes des deux précédents, concerne quasiment 21 millions de personnes dans 16 départements, dont l'ensemble des régions Ile-de-France et Hauts-de-France, tandis qu'un couvre-feu reste en vigueur dans tout le pays tout en étant repoussé d'une heure, avec entrée en vigueur à 19h00.

Dans ces territoires, une attestation est de nouveau nécessaire pour certains déplacements et des commerces ont dû fermer.

Les règles sont toutefois plus souples que lors du confinement strict du printemps 2020 ou qu'en novembre dernier, au risque de susciter une certaine incompréhension dans la population, d'autant que certains critères n'ont été précisés que tardivement.

Alors que Jean Castex, en annonçant ce confinement jeudi, avait déclaré qu'il serait possible de sortir de chez soi, sans limite de temps, dans un rayon de 10 km, le ministère de l'Intérieur a indiqué dans la nuit de vendredi à samedi que "les déplacements ne sont autorisés qu'au sein du département ou dans un périmètre défini par un rayon de 30 km autour du lieu de résidence".

Les services du Premier ministre ont ensuite précisé samedi après-midi, après l'entrée en vigueur de ces mesures, qu'une attestation ne serait finalement pas nécessaire pour les déplacements dans un rayon de 10 km et qu'un simple justificatif de domicile suffirait.

"ÇA NE CHANGE RIEN"

"Ça reste assez vague. Il faut avoir une attestation mais contrairement aux confinements d'avant, on est quand même beaucoup plus libres de sortir. Donc confinés, oui et non", a déclaré Antonin Lemaréchal, étudiant de 21 ans, à Paris, alors que l'exécutif est lui-même réticent à utiliser le mot de confinement.

Avec le beau temps régnant sur la capitale en ce premier jour de nouvelles restrictions, de nombreux Parisiens se sont tout de même rendus sur les quais de la Seine, pour se promener à pieds ou à vélo, pour lire, discuter ou encore déjeuner en famille ou entre amis.

"Comme vous pouvez le voir, tout le monde mange, enlève son masque, etc., donc non (il n'y a) pas trop de changement. C'est limite mieux", a dit Rachel Chea, étudiante de 20 ans. "Ça ne change rien pour moi."

D'autres, comme Pauline Breton, témoignent de leur lassitude face à une crise qui semble ne pas en finir.

"On nous prive de notre vie de tous les jours et ça commence à faire très très long un an. Surtout qu'on n'a aucune visibilité sur l'avenir et c'est ça le pire", a déclaré cette étudiante. "Ça fait un an et on n'avance pas."

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Concernant les commerces, la liste des secteurs autorisés à rester ouverts n'a été publiée que vendredi soir et elle est plus large que ne l'avait laissé entendre le chef du gouvernement jeudi.

Les salons de coiffure, les fleuristes, les chocolatiers ou encore les concessions automobiles sont ainsi finalement autorisés à poursuivre leur activité, en plus des commerces dits de première nécessité.

Au total, ce sont 90.000 commerces qui doivent fermer.

"DU SUR-MESURE", DIT LE MAIRE

"C'est un peu moins que ce qui avait été annoncé il y a deux jours", a admis Bruno Le Maire sur France Inter, en justifiant l'ouverture des fleuristes et des chocolatiers par l'importance de la période actuelle de l'année dans leur activité et celle des concessions automobiles par les risques de répercussion sur les dizaines de milliers de salariés du secteur.

"Nous faisons du sur-mesure", a dit le ministre de l'Economie. "Je n'ai pas du tout la prétention que ce soit idéal mais ça correspond à chaque fois à une logique simple: garantir la sécurité sanitaire des Français tout en préservant au maximum l'activité économique et les commerces."

Ce double objectif peut cependant susciter des doutes chez les habitants concernés par ces restrictions.

"C'est usant, fatigant, c'est long. J'espère que ce sera fini assez rapidement quoique je me pose des questions sur l'efficacité des mesures", a dit Kasia Gluc, graphiste, devant la devanture fermée des Galeries Lafayette à Paris.

Quant aux commerçants n'ayant pas été intégrés à la liste élargie des secteurs autorisés à ouvrir, leur colère est manifeste.

"C'est un mépris pour tous ces commerçants qui se battent depuis plus d'un an pour la survie de leur entreprise", a déclaré Murielle Bourreau, vice-présidente de la Fédération française des associations de commerçants, sur BFM.

Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, a pour sa part dénoncé sur Europe 1 un "acharnement sur les commerces" et une "forme de folie bureaucratique" avec la fermeture de certains rayons dans les supermarchés.