Un logiciel de reconnaissance faciale d'Alibaba cible les Ouïghours en Chine

Reuters

Publié le 17/12/2020 11:54

SHANGHAI (Reuters) - Le géant chinois du commerce en ligne Alibaba (NYSE:BABA) dispose d'un logiciel de reconnaissance faciale qui permet de repérer spécifiquement les Ouïghours, une minorité musulmane de Chine, selon un rapport du cabinet de recherche américain IPVM.

Ce rapport intervient alors que des groupes de défense des droits de l'homme accusent la Chine d'avoir forcé plus d'un million de Ouïghours, vivant dans le vaste territoire semi-autonome de l’ouest de la Chine, à intégrer des camps de travail avec la complicité présumée d'entreprises étrangères.

La Chine a nié à plusieurs reprises avoir forcé quiconque à entrer dans ce qu'elle appelle des centres de formation professionnelle, et a également déclaré que la région du Xinjiang était menacée par des militants islamistes.

Dans son rapport publié mercredi, le cabinet de recherche IPVM, spécialisé dans l'industrie de la surveillance, a indiqué qu'un logiciel capable d'identifier les Ouïgours apparaissait dans le service de modération de contenu Cloud Shield qu'Alibaba propose aux sites sur internet.

Alibaba décrit Cloud Shield comme un système qui "détecte et reconnaît les textes, images, vidéos et voix contenant de la pornographie, de la politique, du terrorisme violent, des publicités et du spam, et fournit des capacités de vérification, de marquage, de configuration personnalisée et autres".

Les archives de ce logiciel montrent qu'il peut effectuer des tâches telles que la détection des lunettes, des sourires, du caractère "ethnique" du sujet et, plus précisément, s'il est Ouïghour.

Par conséquent, si un Ouïghour diffuse en direct une vidéo sur un site internet inscrit à Cloud Shield, le logiciel peut détecter si l'utilisateur est Ouïghour et signaler la vidéo pour qu'elle soit examinée ou supprimée, a déclaré à Reuters Charles Rollet, chercheur à l'IPVM.

L'IPVM a précisé que la mention des Ouïghours dans le logiciel a disparu au moment de la publication du rapport. Alibaba a répondu au cabinet que cette fonction n'avait été utilisée que "dans un environnement de test".

Alibaba, coté à la fois à la bourse de New York et à celle de Hong Kong, n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.