Russie: Amaigri mais combatif, Navalny comparaît devant un tribunal de Moscou

Reuters

Publié le 29/04/2021 12:25

Mis à jour le 29/04/2021 16:40

par Polina Nikolskaya et Anton Zverev

MOSCOU (Reuters) - L'opposant russe Alexeï Navalny est apparu jeudi amaigri et visiblement épuisé, mais combatif, alors qu'il comparaissait par vidéo interposée à une audience lors de laquelle il a une nouvelle fois dénoncé le système judiciaire de son pays.

Lors de cette première apparition depuis qu'il a cessé le 23 avril une grève de la faim de trois semaines, Alexeï Navalny, crâne rasé, a précisé qu'il avait été conduit aux bains afin d'être "présentable". Il a défait son uniforme de prisonnier, révélant un tee-shirt cachant à peine son torse amaigri.

"Je me suis regardé dans le miroir. Evidemment, je suis juste un squelette effrayant", a-t-il déclaré en ajoutant qu'il pesait désormais 72 kilogrammes, soit son poids de lycéen.

Alexeï Navalny, 44 ans, qui comparaissait en appel, a réfuté les accusations selon lesquelles il avait insulté un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale et est reparti à l'attaque contre Vladimir Poutine et le système judiciaire russe.

"Je veux dire à la cour que votre roi est nu", a dit Alexeï Navalny en faisant référence au président russe. "Des millions de gens sont déjà en train de le crier, parce que c'est une évidence (...) sa couronne est (...) en train de tomber."

Il a également réitéré ses accusations de corruption, que le Kremlin dément. "Votre roi nu et voleur veut continuer à régner jusqu'au bout (...). Encore dix ans à venir, une nouvelle décennie volée à venir."

Le tribunal de Moscou a fixé au 17 mai la date d'une nouvelle audience pour l'opposant, revenu en Russie au début de l'année après avoir été soigné pendant cinq mois en Allemagne des conséquences d'un empoisonnement qu'il impute aux services secrets de Moscou.

Après des semaines d'intenses pressions politiques, l'opposant et ses proches ont annoncé ce jeudi le démantèlement de son réseau de bureaux politiques régionaux que la justice russe songe à qualifier "d'extrémiste".

Une telle qualification donnerait aux autorités les fondements juridiques dont elles ont besoin pour condamner les militants du mouvement de Navalny à des peines de prison et pour geler leurs comptes bancaires.