Luca de Meo veut faire de Renault une bonne surprise de retournement

Reuters

Publié le 19/06/2020 15:40

Mis à jour le 19/06/2020 19:00

par Gilles Guillaume et Sarah White

PARIS (Reuters) - Le futur directeur général de Renault (PA:RENA), l'Italien Luca de Meo, a pris la parole publiquement vendredi pour la première fois depuis l'annonce de sa nomination à la tête du groupe au losange pour décrire le défi que représente le redressement du constructeur.

"Je reviens au sein du groupe Renault d'abord pour le challenge, redresser un des plus grands et des plus prestigieux constructeurs d'automobile mondiaux est peut-être à ce jour un des plus beaux défis que j'ai eus", a déclaré l'ancien patron de la marque Seat du groupe Volkswagen (DE:VOWG_p) lors de l'assemblée générale de Renault, qui s'est tenue à huis clos en raison du coronavirus.

"J'ai toujours aimé aller où il y a des défis, des challenges, une marque à reconstruire, une situation financière à remettre d'aplomb, des talents à fédérer", a-t-il ajouté.

Un mois après la présentation par Renault d'un plan drastique d'économies de deux milliards d'euros sur trois ans, le nouveau directeur général aura fort à faire pour mettre en musique le volet, stratégique cette fois, attendu fin 2020 ou début 2021.Il lui faudra incarner un nouveau souffle à la tête d'un groupe ébranlé coup sur coup par la disgrâce de son ancien PDG Carlos Ghosn, l'abandon d'une course aux volumes et une dégradation des marchés émergents qui ont fait son succès.

Luca de Meo a dit avoir conscience des difficultés de Renault, mais aussi de ses atouts, et avoir senti que "le sentiment d'urgence est partagé à tous les niveaux".

"UN 'CAR GUY' TRÈS DIRECT"

Sans attendre sa nomination officielle le 1er juillet, cet ancien du groupe au losange s'est fait préparer des mémos pour renouer avec l'histoire récente du constructeur, notamment en comparant la marque sportive Cupra qu'il a lancée chez Volkswagen à son homologue française Alpine, ont dit à Reuters deux sources proches du dossier. Selon une troisième source, Luca de Meo est également allé à la rencontre des ingénieurs du Technocentre, début juin.

"C'est un 'car guy' très direct, avec qui le tutoiement est obligatoire", a indiqué une personne qui l'a croisé. "Il fait un diagnostic équilibré de Renault."

Luca de Meo devra convaincre les salariés du groupe, qui se préparent à encaisser une forte réduction des effectifs, ainsi que les marchés financiers, qui doutent de manière récurrente que Renault ait encore une carte à jouer dans une industrie en pleine mutation et consolidation.

"Nous préférons aujourd'hui nous exposer aux valeurs qui présentent à la fois un levier en terme de capitalisation et un potentiel de transformation", a ainsi déclaré jeudi Philippe Houchois, analyste chez Jefferies, dans une note.

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Et si l'analyste cite comme facteurs clé le changement de direction, une fusion et un renouvellement produit, il pense respectivement à Daimler (DE:DAIGn), PSA (PA:PEUP) et Ford (NYSE:F), mais pas à Renault. "Renault coche bien plusieurs de ces cases, mais la viabilité du coeur de métier n'est toujours pas claire."