Powell (Fed) promet patience et réactivité aux marchés

Reuters

Publié le 04/01/2019 18:41

Powell (Fed) promet patience et réactivité aux marchés

par Howard Schneider

ATLANTA (Reuters) - Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, s'est employé vendredi à rassurer les marchés financiers en déclarant que la dynamique de l'économie américaine restait solide et que la banque centrale serait attentive aux risques de dégradation de la situation.

Il s'est aussi engagé à ce que la Fed fasse preuve de patience dans la conduite de sa politique monétaire cette année.

Le président de la banque centrale américaine intervenait dans un contexte de nervosité des Bourses mondiales depuis plusieurs semaines et quelques heures seulement après la publication du rapport sur l'emploi aux Etats-Unis pour le mois de décembre, qui a souligné la robustesse de la reprise américaine.

Ses propos ont entraîné un net rebond de Wall Street, une remontée des taux d'intérêt à long terme mais ont pesé sur le dollar, les investisseurs anticipant un infléchissement du resserrement monétaire de la Fed, déjà amorcé lors de la réunion du comité de politique monétaire du mois dernier.

"C'est certainement très proche de ce que le marché voulait entendre. La Fed doit rétablir la confiance des marchés dans sa communication et aujourd'hui un premier grand pas a été franchi", a commenté Jim Vogel, responsable de la stratégie sur les taux d'intérêt chez FTN Financial.

L'indice Dow Jones gagnait plus de 3% à la mi-journée à New York; au même moment, le rendement des emprunts d'Etat américains à dix ans prenait plus de dix points de base à 2,657% alors que le dollar cédait du terrain face à un panier de devises de référence.

"Au vu en particulier des chiffres d'inflation mitigés que nous avons constatés, nous serons patients tout en étudiant la manière dont évolue l'économie", a dit Jerome Powell lors d'un débat organisé à Atlanta par l'American Economic Association.

Il a ajouté que la Fed n'appliquait pas une politique prédéterminée en matière de taux d'intérêt et en laissant entendre qu'elle pourrait marquer une pause dans le resserrement de sa politique, comme elle l'avait fait en 2016.

"Nous sommes toujours prêts à modifier l'orientation de la politique et à la modifier de manière significative" en cas de besoin, a-t-il ajouté au cours de ce débat auquel participaient aussi ses prédécesseurs Janet Yellen et Ben Bernanke.

"Les marchés ont pris en compte les risques baissiers (...) et ils sont évidemment très en avance par rapport aux données, en particulier si l'on regarde les chiffres de ce matin sur le marché de l'emploi", a-t-il souligné.

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"Je dirai simplement que nous écoutons cela attentivement (...), que nous écoutons de façon appropriée le message que les marchés envoient et que nous allons prendre en compte ces risques baissiers dans la conduite de notre politique à l'avenir."

Le Département du travail avait fait état auparavant de la création de 312.000 emplois aux Etats-Unis en décembre, un nombre sans précédent depuis dix mois et bien supérieur aux attentes, tandis que les salaires ont continué d'augmenter.

PAS DE DÉMISSION SI TRUMP LA DEMANDAIT

Jerome Powell a qualifié de rapport sur l'emploi de "très solide" et dit que les données conjoncturelles américaines semblent "être en bonne voie pour maintenir un bon élan en ce début d'année".

La Fed a relevé ses taux à quatre reprises l'année dernière et ses responsables monétaires prévoient deux relèvements supplémentaires cette année. Mais les Bourses mondiales ont lourdement chuté depuis le mois d'octobre avec les craintes d'un ralentissement de l'économie mondiale lié notamment aux tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.

Les contrats à terme sur les taux courts ne laissent désormais présager que d'une hausse de taux directeurs au mieux cette année, contre aucune avant l'intervention de Powell.

Le président américain, Donald Trump, a qualifié d'erreur les hausses de taux de taux décidées par la Fed et n'a pas caché son mécontentement vis-à-vis de l'action de Jerome Powell qu'il a pourtant choisi lui-même pour prendre la tête de la banque centrale américaine.

Prié vendredi de dire s'il démissionnerait de ses fonctions si Donald Trump le lui demandait, Jerome Powell a répondu : "non" ajoutant qu'aucune rencontre avec le président américain n'était prévue à son agenda.