Allemagne: Olaf Scholz tourne la page de l'ère Merkel

Reuters

Publié le 08/12/2021 10:27

Mis à jour le 08/12/2021 17:20

par Michael Nienaber

BERLIN (Reuters) - Le social-démocrate Olaf Scholz a pris mercredi ses fonctions de chancelier en Allemagne, où se tourne définitivement la page des 16 années de pouvoir d'Angela Merkel.

L'ancien ministre des Finances et vice-chancelier d'Angela Merkel, âgé de 63 ans, est à la tête d'une coalition inédite composée du Parti social-démocrate (SPD), des Verts et des libéraux du FDP.

Elu dans la matinée avec une majorité de 395 voix sur 735 au Bundestag, la chambre basse du Parlement, Olaf Scholz a été officiellement nommé à la tête du gouvernement par le président Frank-Walter Steinmeier au château de Bellevue, la résidence du chef de l'Etat.

Il est ensuite retourné au Bundestag pour prêter serment en tant que neuvième chancelier depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Ovationné par les parlementaires, Olaf Scholz a promis de consacrer toute son énergie au bien-être de ses compatriotes, en s'abstenant de demander pour cela l'aide de Dieu, une phrase qui figure traditionnellement dans la prestation de serment.

Angela Merkel lui a formellement remis le pouvoir en début d'après-midi, en lui souhaitant d'avoir "la main ferme" pour faire face à la pandémie de COVID-19 et aux menaces croissantes qui pèsent sur la démocratie allemande.

Dans un bref discours, Olaf Scholz a salué la stature de la chancelière et l'a remerciée pour sa confiance ces dernières années, malgré leurs divergences politiques.

"Je voudrais m'appuyer sur la mentalité du nord-est de l'Allemagne, si je puis dire, qui a prévalu jusqu'à présent. Rien ne changera à cet égard", a-t-il dit à Angela Merkel en allusion à leurs racines communes à Hambourg.

Négociateur expérimenté, Olaf Scholz est un vétéran du Parti social-démocrate dont il a été le secrétaire général entre 2002 et 2004, époque où il a défendu les réformes controversées du marché du travail portées par le chancelier Gerhard Schröder.

Ministre du Travail de 2007 à 2009 dans le gouvernement de "grande coalition" CDU-CSU-SPD d'Angela Merkel, il a été à l'origine d'un mécanisme de travail à temps partiel (Kurzarbeit) qui a aidé des millions de travailleurs allemands à se protéger des conséquences de la crise financière de 2008.

ENTRETIEN MACRON-SCHOLZ VENDREDI

Maire de Hambourg de 2011 à 2018, il est retourné ensuite à Berlin pour prendre le portefeuille fédéral des Finances, où il a présidé à la suspension de la règle dite du "frein à la dette" et multiplié les nouveaux emprunts pour financer des mesures de soutien face à la crise du coronavirus.

Sur le plan européen, il a travaillé étroitement avec la France et convaincu Angela Merkel de soutenir un plan de relance européen de 800 milliards d'euros pour aider les Etats membres les plus touchés par la crise sanitaire.

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Sur Twitter (NYSE:TWTR), Emmanuel Macron lui a donné rendez-vous dès vendredi pour leur premier entretien officiel. "Cher @OlafScholz, la suite, nous l'écrirons ensemble. Pour les Français, pour les Allemands, pour les Européens", a déclaré le chef de l'Etat français après avoir remercié Angela Merkel "de ne jamais avoir oublié les leçons de l'Histoire" et "d'avoir tant fait (...) pour faire avancer l'Europe".

Angela Merkel avait annoncé qu'elle passerait la main à l'issue des élections fédérales du 26 septembre, après quatre mandats consécutifs de chancelière depuis 2005.

Le SPD a remporté le scrutin de septembre d'une courte tête devant le bloc conservateur CDU-CSU mené par Armin Laschet, avec 25,7% des voix contre 24,1%. Les Verts ont obtenu 14,8% des suffrages et le Parti libéral-démocrate 11,5%.

Sociaux-démocrates, écologistes et libéraux ont scellé fin novembre un accord de coalition - surnommée "feu tricolore" en référence aux couleurs respectives des trois partis - avec l'ambition de moderniser la première économie européenne grâce à une hausse des investissements publics dans les technologies vertes et le numérique.