Nvidia achète Arm à Softbank pour 40 milliards de dollars

Reuters

Publié le 14/09/2020 11:06

par Sam Nussey et Stephen Nellis

TOKYO/SAN FRANCISCO/LONDRES (Reuters) - Le fabricant américain de cartes graphiques Nvidia (NASDAQ:NVDA) va racheter le concepteur britannique de puces Arm Holdings au conglomérat japonais SoftBank pour un montant pouvant atteindre 40 milliards de dollars (33,8 milliards d'euros), ont annoncé les deux groupes lundi, dans le cadre d'une opération qui devrait bouleverser le secteur des semi-conducteurs.

Arm, dont l'architecture ouverte des processeurs est utilisée par Apple (NASDAQ:AAPL) et quasiment tous les fabricants de smartphones et de tablettes dans le monde, est un fournisseur de premier plan pour le secteur des semi-conducteurs. Son passage sous le contrôle de Nvidia, première entreprise américaine de puces en termes de capitalisation boursière, pourrait susciter l'opposition des concurrents et des autorités de régulation.

Certains se demandent si l'approche ouverte d'Arm, sous pavillon américain, sera maintenue dans un contexte de tensions entre les Etats-Unis et la Chine.

Arm a en outre accordé des licences sur sa technologie à Intel (NASDAQ:INTC), Qualcomm (NASDAQ:QCOM) et Samsung Electronics (KS:005930) qui sont des concurrents de Nvidia.

Quelques heures après cette l'annonce de cette opération, le cofondateur d'Arm a estimé que la vente était un "désastre", qui allait détruire le modèle d'entreprise du groupe britannique.

"C'est un désastre pour Cambridge, le Royaume-Uni et l'Europe", a déclaré Hermann Hauser dans une interview accordée à Reuters. "C'est la dernière entreprise technologique européenne de dimension mondiale et elle est vendue aux Américains", s'est-il insurgé.

Hermann Hauser a exhorté le gouvernement britannique à imposer trois conditions à la cession d'Arm: une garantie sur l'emploi en Grande-Bretagne, le maintien du modèle d'entreprise du groupe et une exemption aux contrôles de sécurité effectués par l'administration américaine sur les clients d'Arm.

Le cofondateur d'Arm estime que si ces conditions ne sont pas remplies, Londres devrait s'employer à introduire en Bourse Arm sur le London Stock Exchange afin d'en faire une entreprise britannique.

La vente du concepteur britannique de puces intervient quatre ans après son rachat par Softbank (T:9984) pour 32 milliards de dollars. Le conglomérat nippon procède actuellement à des cessions d'actifs afin de lever des fonds.

Alors que la performance en Bourse de l'action du groupe japonais n'a pas été à la hauteur des espoirs de ses dirigeants, l'opération avec Nvidia devrait alimenter les spéculations sur une sortie de la cote de Softbank, a déclaré à Reuters une source.

A la Bourse de Tokyo, le titre Softbank a fini en hausse de 8,96% à 6.385 yens.

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L'OPÉRATION POURRAIT ÊTRE EXAMINÉE DE PRÈS EN CHINE

Nvidia paiera à SoftBank 21,5 milliards de dollars en actions et 12 milliards de dollars en numéraire, dont deux milliards de dollars à la signature.

SoftBank et son fonds Vision Fund de 100 milliards de dollars, qui détient 25% des parts de Arm, prendront une participation dans Nvidia comprise entre 6,7% et 8,1%.

SoftBank pourrait recevoir cinq milliards de dollars supplémentaires en numéraires ou en actions en fonction des performances financières du concepteur britannique de puces. Les salariés d'Arm percevront 1,5 milliard de dollars en actions Nvidia.

L'opération devrait être finalisée d'ici mars 2022.

Selon Jensen Huang, le directeur général de Nvidia, cette opération va permettre au groupe américain de se renforcer dans les puces pour centre de données. "C'est la première fois dans l'histoire du secteur qu'il y aura une véritable alternative" à la domination d'Intel, a-t-il déclaré.

Jensen Huang s'est engagé à préserver le modèle ouvert de licence d'Arm et même de l'étendre en y associant, pour la première fois, la propriété intellectuelle de Nvidia.

Le groupe américain compte proposer sous licence son processeur graphique phare via le réseau de partenaires d'Arm. Nvidia fabriquera aussi des puces pour les voitures autonomes et mettra à disposition cette technologie à d'autres.

Nvidia et Arm n'ont discuté de l'opération avec le gouvernement britannique que peu de temps avant l'annonce pour des raisons de confidentialité, a expliqué Jensen Huang. Un nouveau centre de recherche et développement sur l'intelligence artificielle sera construit au siège d'Arm à Cambridge.

Arm ne sera pas soumis aux contrôles américains sur les exportations dans le cadre de l'accord, a promis Jensen Huang.