Nucléaire: L'ASN pointe le risque d'un nouveau retard de l'EPR

Reuters

Publié le 29/01/2019 14:51

Nucléaire: L'ASN pointe le risque d'un nouveau retard de l'EPR

par Benjamin Mallet

PARIS (Reuters) - L'éventuelle reprise de soudures du réacteur EPR de Flamanville (Manche) difficilement accessibles se traduirait par un nouveau retard dans le démarrage de la centrale, a déclaré mardi l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

EDF (PA:EDF) a annoncé l'été dernier qu'il devait réparer certaines soudures du réacteur, ce qui a alourdi la facture du projet de 400 millions d'euros et retardé sa mise en service de près d'un an.

Le groupe n'a cependant pas prévu de réparer huit soudures difficilement accessibles, bien qu'elles présentent des écarts par rapport à ses exigences de qualité et même un défaut pour l'une d'entre elles, l'électricien public s'estimant en mesure de démontrer que leurs propriétés mécaniques sont suffisantes.

"Si, à l'issue de l'instruction, l'ASN estimait que les justifications fournies par EDF (...) n'étaient pas suffisantes et qu'il fallait reprendre ces huit soudures, les délais aujourd'hui envisagés par EDF pour la mise en service de l'EPR ne pourraient pas être respectés", a déclaré mardi Bernard Doroszczuk, le nouveau président de l'ASN.

"Le délai de réparation de ces soudures est assez long en termes d'approvisionnement en matière, en termes de qualification des soudeurs et des modes opératoires ; ça prend un certain temps et ce temps n'est pas compatible avec le délai qui a été affiché à ce stade par EDF pour l'autorisation de mise en service", a-t-il ajouté lors d'une présentation des voeux de l'ASN à la presse.

Bernard Doroszczuk, qui a succédé en novembre à Pierre-Franck Chevet à la tête de l'ASN pour une durée de six ans, a précisé que l'autorité se prononcerait début mai sur la démarche retenue pour régler les problèmes de soudures de l'EPR de Flamanville.

EDF a annoncé fin juillet que le démarrage du réacteur n'aurait finalement lieu qu'au quatrième trimestre 2019 - au lieu de fin décembre 2018 - et que son coût s'élèverait à 10,9 milliards d'euros - contre 10,5 milliards prévus précédemment -, des éléments confirmés par le groupe le 21 janvier.

"UN BESOIN DE RESSAISISSEMENT COLLECTIF" SUR LA FORMATION

Le président de l'ASN a en outre déclaré que, selon un premier état des lieux de la sûreté nucléaire en France en 2018, celle-ci s'est maintenue à "un niveau satisfaisant".

L'ASN souligne cependant que les acteurs du nucléaire rencontrent des difficultés dans des opérations de reprise et de conditionnement de déchets ainsi que de démantèlement, l'autorité appelant la filière à "porter une grande attention à la conduite des projets et aux moyens qui y sont alloués".

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Le second "point de vigilance" relevé par Bernard Doroszczuk concerne l'état des installations nucléaires et la maîtrise de leur vieillissement et des opérations de maintenance, qui "reste encore à améliorer" et révèle "un nombre encore trop important d'écarts" de conformité par rapport aux référentiels de sûreté.

L'ASN appelle en outre les acteurs du nucléaire à faire preuve d'anticipation, à maintenir des marges industrielles suffisantes "et ne pas chercher à les réduire dans une logique d'optimisation ou de justification de court terme", tout en se penchant sur la question sensible de leurs besoins en compétences professionnelles.

"Il y a clairement un besoin de ressaisissement collectif et stratégique de la part de la filière autour de la formation professionnelle et des compétences clés d'exécution pour atteindre le niveau de qualité et de sûreté attendu du nucléaire", selon Bernard Doroszczuk

Alors que la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) prévoit la prolongation d'une très grande majorité de réacteurs nucléaires français de 40 à 50 ans, l'ASN veut en outre "inciter au maintien des marges dans la démonstration de sûreté pour justifier du maintien en l'état des installations ou des équipements, notamment ceux qui présenteraient des anomalies".