LVMH renonce au rachat de Tiffany, qui attaque en justice

Reuters

Publié le 09/09/2020 12:32

Mis à jour le 09/09/2020 17:20

par Sarah White, Silvia Aloisi et Greg Roumeliotis

PARIS (Reuters) - LVMH (PA:LVMH) a annoncé mercredi l'abandon du projet d'acquisition de Tiffany, qui a riposté en attaquant le géant français du luxe devant la justice américaine pour le contraindre à finaliser cette opération estimée à 16,2 milliards de dollars (13,8 milliards d'euros).

LVMH dit sans plus de détails avoir pris connaissance d'une lettre du ministère français des Affaires étrangères lui demandant de reporter l'opération au-delà du 6 janvier "en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les Etats-Unis".

"L'accord ne peut pas avoir lieu. Il nous est interdit de conclure l'accord", a déclaré Jean-Jacques Guiony, directeur financier du groupe, lors d'une conférence de presse téléphonique. Il a ajouté que LVMH n'était pas satisfait de la façon dont Tiffany avait été géré ces derniers mois, jugeant sa performance "terne".

Le groupe avait auparavant déclaré avoir été informé de la requête de Tiffany de repousser la finalisation du rachat du 24 novembre au 31 décembre.

"Compte tenu de ces éléments, et connaissance prise des premières analyses juridiques menées par les conseils et les équipes de LVMH, le conseil d’administration a (...) acté, qu’en l’état, le groupe LVMH ne serait donc pas en mesure de réaliser l’opération d’acquisition de la société Tiffany", dit-il dans un communiqué.

Tiffany, qui a saisi la justice du Delaware, assure pour sa part avoir respecté tous les termes de l'accord annoncé en novembre 2019 mais reproche en revanche au groupe de Bernard Arnault de ne pas avoir honoré ses propres engagements, notamment pour solliciter dans les délais nécessaires les avis des autorités de la concurrence.

Le joaillier accuse aussi LVMH de l'avoir informé avec retard, seulement mardi, de cette lettre du ministère français des Affaires étrangères datée du 31 août, dont il dit ne pas avoir obtenu de copie.

"Nous pensons que LVMH cherchera à utiliser tous les moyens nécessaires pour tenter d'éviter de conclure la transaction selon les termes convenus", a dit Roger Farah, président de Tiffany, cité dans un communiqué.

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a par ailleurs annoncé que le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian aborderait prochainement la question en détail. "Dans un contexte de négociations internationales très importantes avec nos partenaires, le gouvernement français n'est ni naïf ni passif", a-t-il ajouté.

En Bourse, l'action LVMH, orientée à la hausse en début de séance, est passée dans le rouge après les déclarations du groupe et cédait près de 1% à 400,70 euros en fin d'après-midi à Paris. Quant au titre de Tiffany, il chutait de 11% dans la foulée de la publication du communiqué de LVMH.

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