L'Europe finit en baisse, les incertitudes sur le commerce et le pétrole de retour

Reuters

Publié le 06/12/2018 18:28

L'Europe finit en baisse, les incertitudes sur le commerce et le pétrole de retour

par Laetitia Volga

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse jeudi, emportées par un regain d'aversion au risque en raison des craintes d'une aggravation des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, tandis que les cours du brut s'enfoncent dans le rouge.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 3,32% à 4.780,46 points, la plus forte depuis le 24 juin 2016, soit le lendemain du référendum sur le Brexit.

Le Footsie britannique a perdu 3,58% et le Dax allemand 3,48%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 3,31%, le FTSEurofirst 300 3,31% et le Stoxx 600 3,09% à 343,31 points, un plus bas depuis deux ans.

L'indice de volatilité de l'EuroStoxx 50 a gagné 28,94%, à un plus haut depuis le 26 octobre, et celui du CAC 40 a pris 23,21%.

Meng Wanzhou, directrice financière du groupe chinois Huawei, a été arrêtée le 1er décembre à Vancouver, au Canada, et risque une extradition vers les Etats-Unis, a annoncé mercredi le ministère canadien de la Justice, sans préciser les motifs de cette décision qui risque de mettre à mal la trêve commerciale récemment conclue entre Pékin et Washington.

L'information, qui renforce le sentiment de rivalité entre les Etats-Unis et la Chine porte, au-delà des droits de douane, sur l'hégémonie en matière technologique, selon des analystes.

"Je pense vraiment qu'on se borne trop à la dynamique commerciale entre la Chine et les Etats-Unis", a déclaré Norman Villamin, responsable des investissements chez Union Bancaire Privée. "Il ne s'agit pas de commerce, il s'agit de savoir qui dominera économiquement et politiquement le monde d'ici 10 à 20 ans. Il s'agit de la technologie et de qui l'emportera dans ce domaine."

A l'aversion au risque liée au commerce s'ajoute la chute des cours du brut en raison des craintes d'une réduction plus faible que prévu de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses alliés.

Au terme d'une journée de réunion à Vienne, l'Opep a conclu un accord provisoire de réduction de la production mais elle attend des nouvelles de la Russie avant d'en préciser l'ampleur, selon deux sources du cartel.

VALEURS

L'ensemble des indices Stoxx ont terminé la séance en baisse, à commencer par le secteur automobile, sensible à la montée du protectionnisme, qui a chuté de 4,15%.

Parmi les plus importants reculs du secteur, Faurecia (PA:EPED) a perdu 7,34%, Plastic Omnium (PA:PLOF) 5,66%; Daimler (DE:DAIGn) a abandonné 6,18%, le constructeur allemand ayant par ailleurs abaissé les objectifs de sa filiale de services financiers.

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Les secteurs de l'assurance et de la banque ont perdu respectivement 3,87% et 3,93%.

Le compartiment des ressources de base a reculé de 3,79%, les craintes sur le commerce pesant sur les cours du métaux. L'indice Stoxx de la haute technologie a cédé 2,89%, avec notamment un recul de 5,98% pour STMicroelectronics (PA:STM) à Paris et de 10,72% pour AMS à Amsterdam.

L'équipementier télécoms Ericsson (ST:ERICb), l'un des principaux concurrents de Huawei, a gagné en revanche 1,81%.

A WALL STREET

Pour sa réouverture au lendemain de l'hommage à l'ex-président américain Georges H. W. Bush, la Bourse de New York recule nettement. Les trois indices phares de Wall Street perdent plus de 2%

Apple (NASDAQ:AAPL) recule de plus de 3% à l'heure de la clôture en Europe.

Les secteurs sensibles à l'aggravation des tensions commerciales sont en première ligne: l'industrie perd 2,79%, les hautes technologies 1,95% et l'automobile 3,2%. Le secteur de l'énergie, poids lourd de la cote, cède quant à lui 3,12%.

CHANGES/TAUX

Dans ce contexte, le dollar recule de 0,18% face à un panier de devises de référence. Contre le yen, valeur refuge traditionnelle, le billet vert perd 0,65%, tombant à un plus bas depuis un mois. L'euro, lui, gagne 0,22% à 1,1369 dollar.

L'aversion au risque profite aussi à l'or, qui a touché un plus haut depuis juillet 2017 à 1.244,3199, et se traduit également par une baisse des rendements obligataires. Celui de l'emprunt américain à 10 ans lâche plus de huit points de base à 2,85%, un creux de plus de trois mois.

Le rendement allemand de même échéance est tombé à 0,23%.

Les signes d'inversion de la courbe des taux américains, qui font craindre une entrée en récession des Etats-Unis à plus ou moins court terme, restent toujours un sujet de préoccupation majeure sur le marché obligataire.

Echappant à la tendance générale, le rendement italien à 10 ans a grimpé à 3,207%, la Ligue, au pouvoir à Rome avec le Mouvement 5 Etoiles, s'opposant à une forte baisse du déficit italien, selon des sources politiques.

L'écart de rendement ("spread") entre les titres à dix ans allemands et italiens remonte ainsi à plus de 294 points de base.

PÉTROLE

Les cours du brut évoluent en nette baisse: le Brent perd 4,45% à 58,82 dollars le baril et le brut léger américain (WTI, West Intermediate Texas) recule de 4,67% à 50,42 dollars, un plus bas d'une semaine.

LES INDICATEURS DU JOUR

Sur le front macroéconomique, le secteur privé a créé moins d'emplois que prévu en novembre selon l'enquête ADP tandis que les chiffres du département du Travail ont fait ressortir une légère baisse des inscriptions hebdomadaires au chômage.