Les enchères d'EDF peinent à mettre le marché en appétit

Reuters

Publié le 03/10/2023 19:47

par Benjamin Mallet

PARIS (Reuters) - Le système d'enchères mis en place par EDF (EPA:EDF) pour vendre des volumes d'électricité à livrer en 2027 et 2028 n'a débouché que sur un seul contrat jusqu'à présent dans un contexte d'incertitudes sur la future régulation du parc nucléaire français, selon les données diffusées par l'électricien public.

Soucieux d'accroître sa visibilité et celle de ses clients sur fond de prix élevés et de besoin d'investissements massifs, le groupe a lancé le 27 septembre ce processus expérimental afin d'évaluer l'appétence des acteurs du marché de gros - les électriciens alternatifs et les traders - pour des contrats à maturités plus longues que celles actuellement disponibles.

Selon des données mises à jour quotidiennement par EDF, les 10 enchères organisées en date du 3 octobre n'ont été fructueuses qu'une seule fois, le 28 septembre, pour de l'électricité à livrer en 2028, à un prix de 86 euros par MWh (mégawattheure).

Ce prix correspond toutefois au niveau souhaité par EDF, le groupe ayant indiqué qu'il visait un peu moins de 100 euros par MWh. Dans le cadre de la régulation actuelle de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), dont il souligne régulièrement l'impact négatif sur ses comptes, il est contraint de céder des volumes à ses concurrents à 42 euros/MWh.

Alors que les enchères d'EDF incluent des "prix de réserve" confidentiels en-deçà desquels elles n'aboutissent pas, le groupe n'a pas fait de commentaires sur le succès limité du début de l'expérimentation.

"C'est un processus long, nous avons eu des offres tous les jours et, en cela, c'est plutôt encourageant", a déclaré un porte-parole.

Selon Nicolas Goldberg, directeur associé chez Colombus Consulting, "le marché semble assez attentiste" face au système que la France pourrait mettre en place après la fin de l'Arenh, le 31 décembre 2025.

"DIFFICILE POUR DES ACTEURS DE SE POSITIONNER"

"Tant qu'on ne saura pas de quoi la régulation sera faite pour les années à venir, difficile pour des acteurs de se positionner sur ce genre de produits, d'autant plus si le prix de 'clearing' est à 86 euros/MWh, ce qui est certes plus intéressant que le marché, mais compliqué à positionner par rapport à une hypothétique régulation (...)", juge-t-il.

Alors que la France tente d'obtenir une régulation favorable au nucléaire au niveau européen à travers la réforme du marché de l'électricité, Emmanuel Macron a annoncé fin septembre son intention de "reprendre le contrôle du prix de notre électricité" dans le cadre d'une loi prévue d'ici à la fin de l'année, sans préciser de quelle manière.