Reuters
Publié le 16/10/2018 08:18
Le gouvernement italien approuve le projet de budget 2019
par Giuseppe Fonte et Angelo Amante
ROME (Reuters) - Le gouvernement italien a approuvé lundi un projet de budget pour 2019 qui prévoit d'augmenter les dépenses de protection sociale, d'abaisser l'âge légal de la retraite et de creuser le déficit, au risque de déclencher un affrontement avec la Commission européenne.
Le gouvernement de coalition réunissant la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, autoproclamé "antisystème") avait déjà dévoilé les grandes lignes du texte en annonçant prévoir un déficit budgétaire 2019 de 2,4% du produit intérieur brut (PIB).
Cet objectif est certes inférieur au plafond européen fixé à 3% du PIB mais il marque un net accroissement comparé au chiffre de 1,8% attendu cette année et à la trajectoire financière prévue par le précédent gouvernement.
Bruxelles insiste en outre pour que les pays de la zone euro lourdement endettés, dont fait partie l'Italie, se rapprochent autant que possible de l'équilibre budgétaire.
L'exécutif communautaire a maintenant deux semaines pour évaluer le "plan budgétaire annuel" (distinct du projet de budget lui-même) et elle peut en principe le rejeter en demandant à Rome de corriger le tir, une décision qui serait une première depuis la mise en place de la nouvelle procédure en 2013.
La Ligue et le M5S ont déjà affirmé qu'ils ne céderaient pas à Bruxelles en soutenant que l'augmentation des dépenses publiques est nécessaire pour favoriser la croissance et endiguer la montée de la pauvreté dans la péninsule.
"Ce budget respecte les promesses du gouvernement tout en assurant le maintien en ordre des comptes publics", a déclaré le président du Conseil, Giuseppe Conte, devant les journalistes à la sortie du Conseil des ministres.
GIOVANNI TRIA ASSURE POUVOIR CONVAINCRE BRUXELLES
Le projet prévoit aussi l'instauration d'un "revenu de citoyenneté" pour les plus défavorisés, une amnistie fiscale partielle et des allègements de taxes et d'impôts pour les travailleurs indépendants.
S'exprimant après la réunion ministérielle, le vice-président du Conseil Luigi di Maio a expliqué que le revenu minimum destiné à lutter contre la pauvreté serait mis en place au premier trimestre 2019 et qu'il coûterait environ 10 milliards d'euros l'an prochain.
Le ministre de l'Economie, Giovanni Tria, a dit croire pouvoir convaincre la Commission européenne d'augmenter les dépenses face au ralentissement de l'économie, jugeant "normale" une prévision de déficit à 2,4%.
Bruxelles estime au contraire qu'un creusement du déficit risque d'alourdir un peu plus la dette publique italienne, qui représentait 131% du PIB l'an dernier, ce qui en fait la deuxième de la zone euro après celle de la Grèce par rapport à la taille de l'économie.
"L'idée selon laquelle ce budget peut faire exploser l'Europe est totalement infondée", a ajouté Giovanni Tria, un professeur d'économie de 70 ans qui n'est membre d'aucun des partis de la coalition.
Il a démenti les informations lui prêtant la volonté de démissionner une fois le budget adopté par le parlement.
Pour financer les nouvelles dépenses prévues, le budget prévoit entre autres de réduire les avantages fiscaux accordés aux banques en matière de déduction des intérêts d'emprunt.
Selon une enquête de l'institut d'études d'opinion Demopolis, 52% des Italiens soutiennent le projet du gouvernement, contre 38% qui le désapprouvent.
Sur les marchés financiers, la perspective d'une dégradation des comptes publics a favorisé ces dernières semaines la hausse des rendements des emprunts d'Etat émis par Rome: l'écart de rendement ("spread") entre les obligations à dix ans italiennes et allemandes atteignait lundi un peu plus de 300 points de base, contre moins de 220 points en juin.
(Pierre Sérisier et Marc Angrand pour le service français)
Auteur:: Reuters
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