Le différend commercial sino-américain a bloqué Wall Street

Reuters

Publié le 24/09/2018 23:12

Le différend commercial sino-américain a bloqué Wall Street

par Sinéad Carew

NEW YORK (Reuters) - Wall Street a terminé en baisse lundi, affectée par les retombées des dernières péripéties du différend commercial sino-américain qui ont douché les espoirs apparus la semaine dernière d'une reprise des discussions entre les deux pays.

Mais le Nasdaq est parvenu à terminer sur une note modestement haussière avec un indice des valeurs high techs qui s'est retourné à la hausse pour clôturer sur un gain de 0,31%.

La perspective d'une nouvelle hausse des taux de la part de la Réserve fédérale mercredi, à l'issue de sa réunion de politique monétaire, a également contribué à saper le moral des investisseurs.

Des informations voulant que Rod Rosenstein, l'Attorney General (ministre de la Justice) adjoint veuille démissionner, ont également pesé. Ce dernier sera reçu jeudi par le président Donald Trump, a indiqué la porte-parole de la Maison blanche Sarah Sanders.

"Le marché s'est habitué à en avoir plein les oreilles de Washington", a déclaré Brad McMillan (Commonwealth Financial Network). "Au vu de fondamentaux solides, on a vu que ça peut ébranler la confiance mais ça ne l'a pas vraiment mise à genoux".

Pour sa part, la Chine est disposée à aplanir ses divergences commerciales avec les Etats-Unis mais elle déplore les "méthodes de voyou" employées par Washington, énonce un "livre blanc" dont le contenu est relayé lundi par l'agence Chine nouvelle.

Pékin a accusé les Etats-Unis de s'être engagés sur la voie du "harcèlement commercial" et d'intimider les autres pays afin de les soumettre à leur volonté.

Les nouveaux droits de douane américains sur 200 milliards de dollars d'importations chinoises, annoncés la semaine passée, sont entrés en vigueur aujourd'hui, de même que les droits chinois sur 60 milliards de dollars d'importations américaines imposés en représailles.

"Le plus gros risque avec tous ces droits de douane c'est que les Etats-unis soient écartés du marché chinois alors que c'est un marché en croissance", a dit Scott Brown, chef économiste de Raymond James.

Pour Chris Zaccarelli (Independent Advisor Alliance), il ne serait pas étonnant que dans un tel contexte "nous cédions tous nos gains de la semaine dernière".

L'indice Dow Jones a perdu 181,45 points, soit 0,68%, à 26.562,05 points. Le S&P-500, plus large, a cédé 10,30 points (0,35%) à 2.919,37 points. Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 6,29 points (0,08%) à 7.993,25 points.

Le volume a représenté 6,96 milliards de titres échangés contre 6,65 milliards en moyenne au cours des 20 dernières séances.

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VALEURS

Comcast (NASDAQ:CMCSA) a chuté de 6%, le groupe de médias ayant remporté samedi l'enchère pour l'acquisition de l'opérateur britannique de télévision par satellite Sky pour lequel il a accepté de débourser une trentaine de milliards de livres.

Le nouvel indice sectoriel des communications, version développée de l'ex-indice des télécoms, a ouvert en baisse mais est parvenu à terminer sa première séance sur un gain de 0,21%.

Ses nouvelles entrées Facebook (NASDAQ:FB), Twitter (NYSE:TWTR) et Alphabet (NASDAQ:GOOGL) ont gagné de 0,3% à 1,5%, même si les investisseurs craignent l'instauration de mesures réglementaires plus strictes.

Peut-être à juste titre car la presse croit savoir que la Maison Blanche a l'intention de mobiliser les organismes fédéraux pour qu'ils enquêtent sur les pratiques commerciales des réseaux sociaux et des groupes d'internet.

D'autres valeurs de cet indice telles que Twenty-First Century Fox (NASDAQ:FOX) et Walt Disney, candidats malheureux à la reprise de Sky, ont gagné 1,5% et 2,1% respectivement.

Michael Kors Holdings a chuté de plus de 8%, le groupe de mode ayant conclu la prise de contrôle de la maison de luxe italienne Versace pour plus de deux milliards de dollars, selon des sources.

Au plan sectoriel, c'est l'indice de l'énergie qui enregistre le plus gros gain (+1,47%), porté par la forte hausse des cours du brut.

L'indice des industrielles, qui subit le plus intensément l'impact du différend commercial entre Pékin et Washington, a cédé 1,3% et ceux des valeurs de consommation non essentielles (-1,5%) et de l'immobilier (-1,9%) ont pâti de la probable et prochaine hausse des taux.

LA SÉANCE EN EUROPE

Les Bourses européennes ont terminé en baisse lundi, creusant leurs pertes avec la hausse de l'euro après les déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, sur la poursuite de la croissance de l'inflation et des salaires dans la zone euro.

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,33% à 5.476,17 points. Le Footsie britannique a cédé 0,42% et le Dax allemand a reculé de 0,64%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 0,59%, le FTSEurofirst 300 0,52% et le Stoxx 600 0,56%.

Contre la tendance en Europe, Sky (+8,61%) a signé la plus forte hausse du Stoxx 600 après la victoire de Comcast sur Fox lors de l'enchère inédite pour l'acquisition de l'opérateur britannique de télévision payante.

Le secteur pétrolier (+1,12%) signe la deuxième plus forte hausse sectorielle en Europe, derrière les médias (+1,35%), à la faveur de la nette progression des cours du pétrole. TechnipFMC (PA:FTI) (+1,71%) a réalisé la meilleure performance du CAC 40.

TAUX

Stabilité des rendements ce lundi, après les pertes subies à la suite des informations contradictoires sur le départ éventuel de Rod Rosenstein, qui supervise une enquête du département de la Justice sur le rôle de la Russie dans les élections de 2016.

Ici comme ailleurs, les professionnels attendent l'issue de la réunion de politique monétaire de la Fed, qui aboutira, estiment les marchés, à une nouvelle hausse des taux.

Le Trésor a adjugé ce lundi 37 milliards de dollars d'obligations à deux ans, opération qui a suscité une demande médiocre, même si elle s'est fait au rendement le plus élevé depuis 2008.

CHANGES

L'euro a inscrit un pic de plus de trois mois contre le dollar après que Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, eut évoqué lundi "un redressement relativement vigoureux de l'inflation" en zone euro et se fut déclaré confiant dans la poursuite de la croissance des salaires tout en soulignant que ces évolutions impliquaient le maintien des taux à leur niveau actuel au moins jusqu'à l'été prochain.

L'euro a gagné 2,5% face au billet vert ces 10 derniers jours, portés par des statistiques économiques européennes le plus souvent solides.

La monnaie unique a pris encore 0,1% à 1,1755 euro, après un pic de 1,1815.

Face au yen, le dollar a progressé de 0,1% aussi, à 112,65, dans l'attente d'une nouvelle hausse des taux de la Fed cette semaine puis une autre en décembre.

L'indice du dollar était stationnaire à 94,192.

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