Washington dévoile ses griefs contre Huawei, Pékin parle de "répression disproportionnée"

Reuters

Publié le 29/01/2019 10:04

Washington dévoile ses griefs contre Huawei, Pékin parle de "répression disproportionnée"

par Diane Bartz et Ben Blanchard

WASHINGTON/PEKIN (Reuters) - Les Etats-Unis ont dévoilé lundi treize chefs d'inculpation contre Huawei Technologies, deux de ses filiales et sa directrice financière, Meng Wanzhou, poursuivis notamment pour fraude bancaire et électronique visant à contourner les sanctions contre l'Iran.

Depuis l'annonce de l'arrestation de Weng Manzhou à Vancouver, début décembre, l'affaire alimente les tensions entre les deux principales puissances économiques de la planète.

A Pékin, le ministère chinois des Affaires étrangères chinois a exhorté mardi les Etats-Unis à cesser "la répression disproportionnée" contre les entreprises chinoises et réclamé la levée du mandat d'arrêt contre Meng Wanzhou.

Le groupe de télécommunications s'est défendue de toute malversation tandis que l'avocat de Meng a déclaré que la directrice financière - et fille du fondateur - de Huawei ne devait pas être "un pion ou un otage" dans les relations compliquées entre les deux premières puissances économiques de la planète.

"Mme Meng est une femme d'affaire éthique et honorable qui n'a jamais consacré la moindre seconde de sa vie à conspirer en vue de contourner la législation américaine, y compris les sanctions iraniennes", a ajouté Reid Weingarten dans une déclaration transmise mardi à l'agence Reuters.

Dans ses 13 chefs d'inculpations, le département américain de la Justice accuse Huawei d'avoir trompé une banque internationale - non identifiée - et les autorités américaines concernant ses relations avec ses filiales Skycom Tech et Huawei Device USA, afin de pouvoir réaliser des transactions avec l'Iran.

Le département de la Justice accuse parallèlement Huawei de vol de secrets commerciaux, de fraude électronique et d'entrave à la justice pour vol présumé de technologie de T-Mobile US (NASDAQ:TMUS) visant à tester la résistance de smartphones.

Huawei a fait savoir que les deux entreprises avaient réglé leurs différents à l'amiable en 2017.

Ces inculpations ajoutent à la pression exercée sur le premier équipementiers télécoms mondial par les Etats-Unis qui cherchent à empêcher les entreprises américaines d'acheter ses équipements et qui poussent leurs alliés à faire de même.

CONFLIT COMMERCIAL

Elles sont dévoilées alors que le vice-premier ministre chinois, Liu He, doit entamer ce mercredi à Washington de nouvelles discussions pour tenter de régler le conflit commercial. Il doit s'entretenir notamment avec le représentant au Commerce Robert Lighthizer et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin. Il sera ensuite reçu jeudi par Donald Trump.

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"Il y a moins de chances désormais pour que nous ayons quelque chose de positif qui ressorte des négociations commerciales", a commenté Nick Twidale, chez Rakuten Securities, tandis que les marchés financiers s'inquiètent de l'effet des tensions sino-américaines sur l'économie mondiale.

Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a affirmé que les deux dossiers étaient "totalement distincts".

Dans une interview accordée le mois dernier à l'agence Reuters, Donald Trump a pourtant laissé entendre qu'il pourrait intervenir auprès du département de la Justice si cela permettait de parvenir à un accord commercial avec la Chine.

Libérée sous caution le 12 décembre dernier avec obligation de rester au Canada, Meng Wanzhou doit comparaître ce mardi devant la justice canadienne pour une nouvelle audience sur les conditions de sa remise en liberté sous caution.

Le ministère canadien de la Justice a confirmé lundi soir avoir reçu des Etats-Unis une demande officielle d'extradition. Washington disposait d'un délai de 60 jours à compter de l'arrestation de Meng Wanzhou pour agir, soit avant le 30 janvier.

Huawei tire près de la moitié de ses revenus des marchés étrangers. Mais de nombreux pays s'inquiètent que la firme soit utilisée par le gouvernement chinois à des fins d'espionnage.

A la suite des Etats-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont restreint l'accès de Huawei à leurs marchés.