La Banque centrale européenne va réduire ses achats sans cesser de soutenir l'économie

Reuters

Publié le 16/12/2021 14:05

Mis à jour le 16/12/2021 16:35

par Balazs Koranyi et Francesco Canepa

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi une nouvelle réduction de son soutien à l'économie mais a promis de continuer à favoriser la reprise en 2022 tout en confirmant que l'inflation devrait retomber sous son objectif, ce qui justifie à ses yeux le maintien d'une politique très accommodante.

L'économie de la zone euro ayant retrouvé son niveau d'avant la pandémie de COVID-19, la pression monte sur la BCE pour emboîter le pas aux banques centrales qui ont commencé à refermer très partiellement le robinet du crédit, à commencer par la Réserve fédérale américaine et la Banque d'Angleterre.

Mais ses dirigeants craignent qu'un resserrement trop rapide ne fasse rechuter l'inflation loin de l'objectif qu'elle s'est fixé, d'autant que l'émergence du variant Omicron du coronavirus risque de freiner l'activité.

"La propagation de nouveaux variants du coronavirus génère de l'incertitude", a ainsi déclaré sa présidente, Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse, en mentionnant l'impact des récentes restrictions sanitaires sur des secteurs comme l'hôtellerie-restauration.

Elle a rappelé que les perturbations des chaînes d'approvisionnement observées depuis plusieurs mois constituaient déjà un handicap pour la reprise.

"Ces goulets d'étranglement nous accompagneront pendant un certain temps mais ils devraient finir par s'atténuer en 2022", a-t-elle poursuivi.

La BCE a revu à la hausse ses prévisions d'inflation mais a abaissé sa prévision de croissance pour 2022: la hausse des prix devrait rester supérieure à son objectif de 2% cette année et l'an prochain avant de retomber sous ce seuil en 2023 et 2024.

Sur cette base, la banque centrale prévoit de poursuivre dans les prochains mois la réduction des achats d'emprunts d'Etat effectués dans le cadre du Programme d'achats d'urgence face à la pandémie (PEPP), lancé en mars 2020 et doté de 1.850 milliards d'euros, pour les arrêter totalement fin mars.

UN "RECALIBRAGE" DE PORTÉE LIMITÉE

Mais les achats du programme APP, plus ancien et moins souple, augmenteront afin d'assurer le maintien de la présence de la BCE sur le marché du crédit: ils doubleront à 40 milliards d'euros par mois au deuxième trimestre, puis reviendront à 30 milliards au troisième.

À partir d'octobre, ces achats seront maintenus à 20 milliards par mois "aussi longtemps que nécessaire" pour renforcer le caractère accommodant des taux directeurs, précise la BCE.

Christine Lagarde a précisé qu'un relèvement des taux en 2022 était "très improbable", sans pour autant l'exclure totalement.

L'euro s'appréciait de 0,37% face au dollar en milieu d'après-midi à 1,1327 et les rendements des emprunts d'Etat étaient orientés à la hausse, des analystes jugeant que le Conseil des gouverneurs avait opté pour une ligne moins accommodante qu'anticipé par certains.

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"La BCE a surpris le marché avec un montant relativement limité des achats mensuels de l'APP à l'avenir même s'il y a des éléments accommodants dans son communiqué concernant les réinvestissements du PEPP et le fait qu'il pourrait être relancé", estime ainsi Jane Foley, responsable de la stratégie devises de Rabobank.

La BCE prévoit en effet que les liquidités issues de l'arrivée à échéance des titres détenus dans le cadre du PEPP seront réinvestis jusqu'à la fin 2024, soit un an de plus que prévu initialement, et de manière souple afin de faire face à d'éventuelles tensions.

Cela pourrait conduire la BCE à acheter des obligations d'Etat grecques "afin d'éviter une interruption des achats de cette juridiction qui pourrait compromettre la transmission de la politique monétaire à l'économie grecque".