France/Retraites: Manifestations et motions de censure après le 49.3

Reuters

Publié le 17/03/2023 09:44

Mis à jour le 18/03/2023 12:30

PARIS (Reuters) - La mobilisation contre le gouvernement s'est poursuivie vendredi en France après le tollé provoqué par le recours à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote l'impopulaire réforme des retraites.

Pour la deuxième soirée consécutive, une foule importante s'est rassemblée sur la place de la Concorde, à Paris, en face du Palais Bourbon (EPA:GPBN), bouclé par un imposant dispositif policier.

Des manifestants ont allumé un feu sur l'esplanade, au cri de "Macron démission" ou "On est là", à proximité des cordons de CRS.

La place de la Concorde a été évacuée en fin de soirée et des sources policières ont indiqué à plusieurs médias que 61 personnes avaient été interpellées.

Des manifestations ont également eu lieu dans d'autres villes comme Rennes, Toulouse ou Bordeaux.

La préfète de Lyon, Fabienne Buccio, a condamné sur Twitter (NYSE:TWTR) l'intrusion et le saccage de la mairie du 4e arrondissement.

A l'Assemblée nationale, deux motions de censure menacent l'exécutif, qui s'est résolu jeudi à recourir à l'arme constitutionnelle du 49.3 - considérée par ses détracteurs comme un déni de démocratie - faute d'être assuré d'obtenir une majorité sur le texte à l'Assemblée nationale.

La décision a provoqué une vague de protestations qui s'est traduite par des manifestations spontanées jeudi soir partout en France, parfois émaillées de violences.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé vendredi 310 interpellations dans le pays la veille, dont 258 à Paris où des milliers de manifestants se sont réunis place de la Concorde, en face du Palais Bourbon.

L'intersyndicale a appelé jeudi soir à une nouvelle journée de grève et de manifestations en France le jeudi 23 mars, ainsi qu'à des actions "de proximité" durant le week-end.

Vendredi matin, une action de blocage a eu lieu sur le périphérique parisien à l'appel de la CGT.

"On a face à nous un gouvernement qui n'a en réalité rien à faire de ses travailleurs, de son peuple, donc partant de là on va laisser libre cours à la créativité des travailleurs sur les lieux de travail", a dit vendredi Olivier Mateu, secrétaire de l'Union départementale CGT des Bouches-du-Rhône sur BFMTV. "Cette réforme, elle ne verra pas le jour, 49.3 ou pas".

A la Concorde, Noémie, 30 ans, venue vendredi pour le deuxième soir d'affilée, a dénoncé une "atteinte à la démocratie" avec le recours au 49.3. "Il y a des gens dans la rue qui crient leur colère et il (Emmanuel Macron) n'écoute pas."

Plusieurs syndicats d'enseignants ont appelé à la grève pour la semaine du 20 mars, pendant laquelle doivent se dérouler certaines épreuves du Baccalauréat.

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La Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé l'annulation de 30% des vols à l'aéroport de Paris-Orly et de 20% des vols à l'aéroport de Marseille-Provence pour la journée de lundi en raison d'un préavis de grève.

DEUX MOTIONS DE CENSURE

Le gouvernement refuse de parler d'"échec" à propos de cette réforme phare du début de second quinquennat d'Emmanuel Macron prévoyant le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans.

"Ce n'est pas un échec puisqu'il y a un texte et ce texte sera, si la motion de censure est rejetée, mis en oeuvre", a déclaré vendredi sur BFMTV le ministre de Travail, Olivier Dussopt.

Avec le recours au 49.3, le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, unanimement rejeté par les syndicats et contesté depuis des semaines dans la rue, sera considéré comme adopté sauf en cas d'adoption d'une motion de censure à la majorité absolue, soit 287 élus.

Le groupe centriste Liot a déposé vendredi une motion de censure signée par 91 députés de cinq groupes différents (Liot et les membres de la coalition de gauche Nupes, à savoir les écologistes, les communistes, les socialistes et La France insoumise).

"Il faut que Macron retire son texte", a déclaré le président du groupe Liot, Bertrand Pancher, sur BFM TV, en souhaitant un "changement de méthode".

"Face à la tentative de coup de force du gouvernement pour imposer une réforme qui maltraite des millions de nos compatriotes, nous devons opposer notre détermination", peut-on lire dans un communiqué de la Nupes.

Aucun député Les Républicains (LR) ne s'est joint à cette motion "transpartisane".

Le président des Républicains, Eric Ciotti, a déclaré jeudi que le groupe ne s'associerait ni ne voterait "aucune motion". Signe des divisions au sein du parti conservateur, certains députés LR ont dit vouloir être libres de leur vote, qui devrait avoir lieu lundi dans l'hémicycle.

Sans le vote de plusieurs dizaines de députés LR, la motion de censure n'a quasiment aucune chance d'être adoptée.