Des énergéticiens s'alarment des risques d'impayés

Reuters

Publié le 14/05/2020 18:03

Mis à jour le 14/05/2020 22:40

PARIS (Reuters) - Les fournisseurs alternatifs de gaz et d'électricité en France ne pourront pas assumer seuls les conséquences de la prolongation de la trêve hivernale en termes d'impayés, selon un courrier adressé jeudi par l'association nationale des opérateurs détaillants en énergie (Anode) à la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne.

La trêve hivernale, qui interdit les coupures d'électricité et de gaz et qui est habituellement en vigueur du 1er novembre au 31 mars, a été prolongée une première fois jusqu'au 31 mai puis jusqu'au 10 juillet en raison de l'état d'urgence sanitaire lié au nouveau coronavirus.

Les membres de l'Anode, qui regroupe des concurrents d'EDF (PA:EDF) et d'Engie (PA:ENGIE) tels que Total (PA:TOTF) Direct Energie (PA:DIREN), Eni, Vattenfall, Enercoop ou ekWateur, "tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme face à une décision politique dont ils ne peuvent plus assumer seuls les conséquences en termes d'impayés", selon le courrier adressé à Elisabeth Borne.

"L'Etat doit prendre sa part du fardeau en compensant les impayés générés par les décisions d'urgence qu'il a prises, a minima à hauteur de la part fiscalité (toutes taxes et contributions comprises) des factures restées impayées en 2020", estime en conséquence l'association.

L'Anode souligne également que les efforts déjà consentis par les opérateurs alternatifs vis-à-vis de leurs clients représentent une charge financière qui vient s'ajouter à "un contexte de pertes importantes" et de hausse des impayés "qui se chiffrent déjà en dizaines de millions d'euros".

L'association, dont certains membres ont engagé des procédures judiciaires pour obtenir la suspension d'une partie de leurs obligations d'achat d'électricité nucléaire auprès d'EDF, prévoit en outre de transmettre ultérieurement à Elisabeth Borne des propositions de mesures de soutien à sa filière.

Elle veut ainsi "éviter des défaillances en chaîne qui seraient préjudiciables tant pour l'activité et l'investissement en France que pour le développement de la concurrence qui reste fragile".