AFP
Publié le 13/01/2018 13:32
Mis à jour le 13/01/2018 15:45
Le Premier ministre français Edouard Philippe à Paris, le 12 janvier 2018
Très attendu sur la décision "difficile" censée trancher le dossier explosif de Notre-Dame-des-Landes, Edouard Philippe est allé à l'improviste samedi voir la situation, dans le village proche de la Zad et à l'aéroport actuel, ainsi qu'à Nantes.
"J'ai rencontré près d'une centaine d'élus de tous les départements du Grand Ouest, j'ai beaucoup écouté et c'est très important de beaucoup écouter avant de prendre une décision, mais (...) c'est bien aussi de voir", a expliqué M. Philippe, interrogé par BFMTV à sa sortie de la mairie de Nantes, où il s'est rendu après Notre-Dame des Landes.
"C'est une décision difficile à prendre", a-t-il également convenu, et "elle exige encore quelques consultations", alors que les élus du Grand Ouest, de l'Ille-et-Vilaine à la Mayenne en passant par la Loire-Atlantique, le Morbihan, le Maine-et-Loire et la Vendée se sont succédé pendant une semaine à Matignon pour exposer leur point de vue.
Pro ou anti, chacun a pu exprimer sa position après que les trois médiateurs nommés par Edouard Philippe ont conclu le mois dernier que la construction de Notre-Dame-des-Landes et l'agrandissement de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique étaient deux options "raisonnablement envisageables".
Cette seconde possibilité avait longtemps écartée sous le quinquennat Hollande, mais samedi Edouard Philippe s'est rendu sur place, dans la commune de Saint-Aignan-de-Grand-Lieu. Il a notamment tweeté une photo le montrant en train d'étudier un plan d'urbanisation.
Pour sa part, le maire de Notre-Dame-des-Landes Jean-Paul Naud s'est dit "satisfait" qu'Édouard Philippe "ait pu se rendre compte de la réalité du terrain".
"Il m'a posé quelques questions mais c'est surtout moi qui ai déroulé les arguments en faveur d'une optimisation du site actuel" (Nantes-Atlantique, ndlr), a déclaré à l'AFP M. Naud, qui dit n'avoir jamais accueilli de Premier ministre dans sa commune.
- décision pas encore prise -
La décision est à la fois économique et environnementale, mais elle relève aussi de l'ordre public, alors que, à 25 km au nord-ouest de Nantes, la Zad - "zone d'aménagement différé" pour les autorités, "zone à défendre" pour ses occupants - de Notre-Dame-des-Landes s'étend sur 1.650 hectares. M. Philippe ne s'y est pas rendu samedi.
Pour les "zadistes", c'est un "bocage" où ils construisent "pas à pas depuis des années des formes de vie, d'habitat et d'activités fondées sur le partage, la rencontre". Pour les autorités, la Zad ressemble plutôt à un "camp retranché", avec des "militants extrémistes" prêts à en découdre violemment avec les forces de l'ordre.
Actuellement environ 150 personnes y vivent en permanence et 200 personnes la fréquentent régulièrement, selon une source policière.
Lui-même hostile à la construction du nouvel aéroport, M. Naud estime que si le projet de Notre-Dames-des-Landes est abandonné, "il y a certains zadistes d'eux-mêmes qui partiront parce qu'ils sont dans la lutte permanente et s'il n'y a plus de lutte à Notre-Dame, ils iront voir ailleurs".
Lors de son entretien de près d'une heure avec le Premier ministre, où il a exposé "une dernière fois" ses arguments, M. Naud a dit à M. Philippe être "prêt à discuter avec les zadistes qui sont là depuis des années pour ne pas sombrer dans la violence", a-t-il rapporté.
Après sa visite à Notre-Dames-des-Landes, Édouard Philippe s'est également entretenu avec Johanna Rolland, maire de Nantes et membre du Syndicat mixte aéroportuaire du Grand-Ouest favorable au nouvel aéroport.
"Nous nous sommes vus en tête à tête près de 40 minutes. Je lui ai redit quelles étaient mes convictions pour l'économie, pour l'emploi, pour la métropole et pour l'avenir du grand Ouest", a déclaré à l'AFP Mme Rolland, qui s'inquiète que la "dynamique" économique de la métropole puisse être "fragilisée" en l'absence de nouvel aéroport.
La maire PS a précisé que M. Philippe "a redit très clairement que sa décision n'était pas encore prise, il voulait voir concrètement sur le terrain la réalité".
Matignon n'a donné aucune date pour l'annonce gouvernementale, attendue d'ici à la fin du mois.
Auteur:: AFP
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