Reuters
Publié le 09/08/2021 13:39
Mis à jour le 09/08/2021 22:10
PARIS (Reuters) - Un prêtre a été tué en Vendée, dans l'ouest de la France, et son meurtrier présumé, un Rwandais déjà soupçonné d'avoir incendié la cathédrale de Nantes l'an dernier, a été hospitalisé en psychiatrie après avoir été placé en garde à vue plus tôt dans la journée.
S'exprimant devant la presse, le vice-procureur de la Roche-sur-Yon a déclaré qu'une enquête avait été ouverte pour "homicide volontaire" après la découverte du corps du père Olivier Maire, responsable de la communauté catholique des Montfortains chez qui le suspect était hébergé.
Placé en garde à vue lundi matin, ce dernier résidait dans une congrégation religieuse en vertu d'une obligation de résidence imposée suite à une information judiciaire ouverte après l'incendie de la cathédrale de Nantes du 18 juillet 2020, dans le cadre de laquelle le Rwandais de 40 ans avait été placé en détention du 20 juillet 2020 au 31 mai dernier.
Il faisait depuis sa sortie de prison l'objet d'un "contrôle judiciaire strict", a assuré le vice-procureur. Le suspect a fait l'objet d'une hospitalisation en milieu psychiatrique qui s'est terminée le 29 juillet, "date à laquelle il a réintégré son lieu d'hébergement", a poursuivi Yannick Le Goater.
Une expertise psychiatrique a déterminé lundi que la garde à vue du suspect n'était pas compatible avec son état psychique.
D'après une source proche du dossier, le suspect s'est présenté lundi matin à la gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre pour dire qu'il avait tué un ecclésiastique. Les gendarmes se sont alors rendus à Saint-Laurent-sur-Sèvre, où ils ont trouvé le corps du père Olivier Maire, qui était âgé 60 ans.
Le meurtre a eu lieu entre dimanche en fin d'après-midi et lundi matin, selon Yannick Le Goater.
"Il avait été demandé à la congrégation d’héberger l'auteur présumé du crime dans l'attente de son jugement. Mais c'était quelqu'un qui ne semblait pas présenter de risque. Il était calme et tranquille, selon mes confrères à Saint-Laurent-sur-Sèvre", a dit à Reuters le père Santino Brembilla, membre de la congrégation des Montfortains.
"NOUS SOMMES TOUS CHOQUÉS"
Selon lui, l'auteur présumé du crime et le prêtre assassiné ne se connaissaient pas avant l'incendie de la cathédrale.
"Nous sommes tous choqués. On est très tristes. Pas plus tard qu'hier, je l'avais vu donner un concert d'orgue à la basilique de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Cela me suffoque", a déclaré à Reuters une paroissienne, Bernadette.
Le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Gérald Darmanin, s'est rendu sur place pour transmettre à la communauté des Montfortains un message "de fraternité, de soutien et d'amitié" du président de la République, Emmanuel Macron, mais aussi, a-t-il expliqué lors d'un point de presse, "dire à quel point nous pensons et nous voulons que la vérité soit faite sur cet acte odieux".
De son côté, le Premier ministre Jean Castex a fait part de "son plus profond effroi" et de sa "plus vive compassion", selon Matignon.
L'annonce de ce meurtre a fait réagir toute la classe politique, à huit mois d'une élection présidentielle où la sécurité et l'immigration s'annoncent comme des thèmes de campagne importants.
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a exprimé sa colère sur Twitter (NYSE:TWTR).
"En France, on peut donc être clandestin, incendier la cathédrale de #Nantes, ne jamais être expulsé, et récidiver en assassinant un prêtre. Ce qui se passe dans notre pays est d'une gravité sans précédent : c'est la faillite complète de l'Etat et de @GDarmanin", a-t-elle écrit.
Gérald Darmanin a dénoncé lors de son point de presse l'exploitation politique des faits.
"Certains ont cédé à la tentation de la polémique, la tentation de la démagogie au moment où l'esprit, le corps de ce prêtre n'étaient pas encore en paix", a dit le ministre.
De Xavier Bertrand à Laurent Wauquiez en passant par Bruno Retailleau, Michel Barnier et Valérie Pécresse, tous les candidats potentiels ou déclarés à une candidature Les Républicains (LR) pour l'Elysée ont dit leur indignation sur les réseaux sociaux.
"Mais que faisait encore cet individu en France ?", a ainsi écrit sur Twitter Bruno Retailleau, le président du groupe LR du Sénat.
Revenant sur le parcours administratif et judiciaire du suspect rwandais, Gérald Darmanin a déclaré que "nous ne pouvions pas exécuter la décision d'expulsion du territoire de cette personne puisqu'elle était pendant plusieurs mois en prison puis libérée sous contrôle judiciaire, et ce contrôle judiciaire prévoyait explicitement qu'il ne pouvait pas quitter le territoire national en attendant la décision de justice" sur l'incendie de la cathédrale de Nantes.
(Reportage Caroline Pailliez et Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault et Marc Angrand)
Auteur:: Reuters
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