Afghanistan-Les taliban veulent prendre le pouvoir après être entré dans Kaboul

Reuters

Publié le 15/08/2021 12:11

Mis à jour le 15/08/2021 19:06

KABOUL (Reuters) -Les taliban sont entrés dimanche dans Kaboul avec l'intention déclarée de prendre totalement le pouvoir en Afghanistan alors que le président afghan Ashraf Ghani, soutenu par les puissances occidentales a quitté le pays.

Deux responsables des combattants taliban ont dit à Reuters qu'il n'y aurait pas de gouvernement de transition après leur avancée fulgurante à travers l'Afghanistan, deux décennies après avoir été chassé du pouvoir par une coalition menée par les Etats-Unis.

Deux commandants taliban à Kaboul ont déclaré que les combattants islamistes étaient entrés dans le palais présidentiel et qu'ils en avaient pris le contrôle. Le gouvernement afghan n'a pas confirmé l'information.

Si Ashraf Ghani a quitté l'Afghanistan, beaucoup d'incertitudes demeurent sur sa destination. Un haut responsable du ministère de l'Intérieur a déclaré qu'il était parti pour le Tadjikistan, tandis qu'un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères a déclaré que sa localisation était inconnue. Les taliban ont quant à eux déclaré qu'ils vérifiaient les déplacements du président afghan.

Des combattants taliban ont atteint Kaboul "de tous les côtés", a déclaré à Reuters un haut responsable du ministère de l'Intérieur. Des tirs sporadiques ont été signalés dans les environs de la capitale.

INCERTITUDES SUR LA TRANSITION DU POUVOIR

Un hôpital de Kaboul a déclaré que plus de 40 personnes blessées dans des affrontements à la périphérie étaient soignées, sans pour autant parler de combats majeurs.

Des incertitudes demeurent aussi sur la manière dont le pouvoir sera transféré.

Les talibans ont déclaré qu'ils attendaient que le gouvernement soutenu par les pays occidentaux se rende pacifiquement.

"Les combattants talibans doivent se tenir prêts à intervenir à toutes les entrées de Kaboul jusqu'à ce qu'un transfert pacifique et satisfaisant du pouvoir soit convenu", a déclaré le porte-parole des taliban Zabihullah Mujahid, indiquant qu'ordre avait été donné aux combattants d'entrer dans la ville pour empêcher les pillages après le départ la police locale.

Le ministre de l'Intérieur par intérim du gouvernement, Abdul Sattar Mirzakawal, a déclaré que le pouvoir serait remis à une administration transitoire.

"Il n'y aura pas d'attaque sur la ville, il est convenu qu'il y aura une passation de pouvoir pacifique", a-t-il dit sur Twitter (NYSE:TWTR).

Des habitants de Kaboul, de nombreuses rues de Kaboul étaient embouteillées, avec des personnes tentant de rentrer chez elles ou de rejoindre l'aéroport.

"Certaines personnes ont laissé les clés dans leur voiture et ont commencé à marcher vers l'aéroport", a déclaré un habitant à Reuters. Un autre a déclaré : "Les gens rentrent tous chez eux par peur des combats".

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Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déclaré que le personnel de l'ambassade des Etats-Unis était en route pour l'aéroport. D'autres pays, comme l'Allemagne, l'Italie et le Canada, ont annoncé la fermeture de leur ambassade et-ou l'évacuation du personnel diplomatique.

La Russie n'a en revanche pas jugé utile d'évacuer son ambassade pour le moment, selon l'agence Tass.

A Londres, le ministère britannique des Affaires étrangères a indiqué que l'ambassadeur britannique restait à Kaboul et que le personnel diplomatique ferait tout son possible pour aider les ressortissants britanniques qui souhaitent quitter le pays, tout en indiquant avoir réduit son personnel.

Paris a indiqué dimanche avoir pris la décision de relocaliser l'ambassade de France sur le site de l'aéroport à Kaboul et que le ministère des Armées allait déployer dans les prochaines heures des renforts militaires et des moyens aériens aux Émirats arabes unis afin de pouvoir commencer des évacuations vers Abou Dabi.

AVANCÉE FULGURANTE

Tristement célèbres durant leurs années au pouvoir pour empêcher les filles d'aller à l'école et prononcer des peines telles que l'amputation et la lapidation, les taliban semblaient essayer de donner une image plus moderne.

L'un de leurs porte-parole, Suhail Shaheen, a déclaré à la BBC que les droits des femmes seraient préservés, tout comme les libertés des médias et des diplomates.

"Nous assurons la population, en particulier dans la ville de Kaboul, que leurs propriétés, leurs vies sont en sécurité", a-t-il dit, tablant sur un transfert de pouvoir d'ici quelques jours.

Le ministre de l'Intérieur par intérim du gouvernement afghan, Abdul Sattar Mirzakawal, a évoqué lui-même l'éventualité d'une transition dans un message posté sur Twitter par la chaîne Tolo. "Il n'y aura pas d'attaque sur la ville, il est convenu qu'il y aura une passation pacifique", dit-il.

L'entrée dans la capitale parachève l'avancée fulgurante des militants islamistes, évincés du pouvoir il y a 20 ans par les Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001.

Le peu de résistance de la part du gouvernement afghan a stupéfié les diplomates, alors que les services de renseignement américains estimaient la semaine dernière que Kaboul pourrait tenir au moins trois mois.

Un responsable de l'Otan a déclaré dimanche que l'organisation avait l'intention de garder une présence diplomatique en Afghanistan et de continuer à sécuriser l'aéroport.

Dans un communiqué publié samedi, le président Joe Biden a annoncé l'envoi sur place d'un renfort d'un millier de soldats supplémentaires pour aider à l'évacuation des Américains.

Toute action qui "mettrait en danger des ressortissants américains ou notre mission" déclencherait "une réponse militaire rapide et forte", a-t-il prévenu.